Le patron pressenti de SNCF Réseau retoqué

Le patron pressenti de SNCF Réseau retoqué

L'autorité de régulation du secteur ferroviaire a mis son veto à la nomination de Jean-Pierre Farandou à la présidence SNCF Réseau, jugé trop proche de SNCF Mobilités.

Publié le 31-03-2016 par Bertrand Dampierre

Veto de l'ARAFER

 

Suite à la démission de Jacques Rapoport, ancien Président de RFF devenu le patron de SNCF Réseau à l'occasion de la réorganisation du transport ferroviaire en France, le gouvernement avait proposé la candidature de Jean-Pierre Farandou. Ce dernier occupe à l'heure actuelle les fonctions de Président de Keolis, ce qui, sur le papier, lui permettait donc d'afficher d'une certaine manière, à la fois la connaissance du groupe, et une indépendance par rapport à SNCF Mobilités. Mais l'ARAFER, Autorité de régulation du secteur ferroviaire, n'en pas pas jugé ainsi. L'instance placée sous la houlette de Pierre Cardo a opposé son veto à cette nomination. Motif : Jean-Pierre Farandou n'est pas assez indépendant de SNCF Mobilités.

Dans l'avis qu'elle a publié, l'ARAFER justifie ainsi sa décision : « Sans que soient nullement en jeu les qualités personnelles ou les compétences de l'intéressé, l'ARAFER considère que les responsabilités exercées et les liens professionnels étroits noués avec SNCF Mobilités tout au long de cette carrière sont de nature à susciter, vis-à-vis des tiers, un doute légitime sur l'indépendance de la personne concernée ».

 

 

À la recherche d'une solution

 

L'avis de l'ARAFER est loin d'être injustifié. En effet, Jean-Pierre Farandou est un cheminot avant tout, qui, avant de rejoindre la présidence de Keolis, a fait toute sa carrière au sein de la compagnie nationale ferroviaire. On lui prête donc une trop grande proximité avec SNCF Mobilités et avec Guillaume Pepy. Du point de vue du gouvernement, cela devait constituer justement son principal atout. La réforme du secteur ferroviaire a contribué à regrouper sous la bannière SNCF deux entreprises distinctes, qui sont devenues deux branches d'une même entité, et devraient donc avant tout jouer la carte de la complémentarité. Il ne s'agirait pas, en effet, de recréer artificiellement une dichotomie entre Mobilités et Réseau qui reproduirait le clivage existant autrefois entre RFF et SNCF. De ce point de vue, la candidature de Jean-Pierre Farandou était plus que pertinente.

La tâche va s'avérer désormais de plus en plus ardue, car les candidats ne se pressent pas, tant la fonction paraît difficile. Il s'agit en effet de s'attaquer à un chantier colossal, celui de la rénovation d'un réseau ferré vieillissant. Deux choix s'offrent donc à l'État : faire appel du veto de l'ARAFER devant le Conseil d'État, ou trouver un autre candidat. Dans les deux cas, les processus risquent de prendre du temps.

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