Avec le dernier vol d'Ariane 5 en juillet 2023, puis celui de Vega réussi ce jeudi, c'est tout un monde qui disparait dans le domaine des lanceurs en Europe. Celui de la coopération européenne, des succès commerciaux et des années glorieuses où Arianespace, créée en 1980 pour opérer progressivement les lanceurs Ariane, Soyuz (à partir de 2011) et Vega (2012), était alors un leader incontestable. Ce monde n'est plus. Il s'est effondré avec l'arrivée brutale de SpaceX et surtout sur une vision faussée de ce marché à part. Il laisse donc la place à un monde où les États européens, notamment l'Allemagne, l'Italie, la France, voire l'Espagne et la Grande-Bretagne), vont se déchirer en Europe dans une guerre concurrentielle féroce pour imposer leurs propres lanceurs, très certainement avec des aides publiques indispensables. Il y aura du sang et des larmes en raison des échecs attendus parmi tous les acteurs qui se lancent sur ce marché avec un enthousiasme rafraichissant mais peut-être un peu naïf.

C'est dans ce nouveau monde très incertain validé par les États européens lors de la conférence ministérielle de l'Agence spatiale européenne (ESA) en novembre 2023 que les industriels du secteur vont devoir évoluer. Car cette industrie reste une industrie où la rentabilité reste très aléatoire, voire un miroir aux alouettes pour certains à l'image de l'américain Rocket Lab. A l'exception de SpaceX, un cas à part qui s'auto-alimente avec la mégaconstellation Starlink et bénéficie des la