Messier juge le Vivendi de Bolloré

Messier juge le Vivendi de Bolloré

Jean-Marie Messier est sorti de son silence en accordant une interview au quotidien Le Figaro, dans laquelle il analyse les évolutions de Vivendi à l'ère Bolloré.

Publié le 09-11-2015 par Laurent Baquista

Convergence 

 

Depuis plusieurs mois, la stratégie de Vincent Bolloré à la tête de Vivendi rappelle de plus en plus celle du fondateur du groupe, Jean-Marie Messier. Brocardé jusqu'à l'outrance, ce dernier s'est fait durant cette dernière décennie des plus discrets. C'est pourquoi l'interview qu'il a accordée ce matin au quotidien Le Figaro prend des allures exceptionnelles, et focalise l'intérêt de nombreux observateurs, avec une question en filigrane : quel regard porte le père de Vivendi sur la stratégie du groupe désormais dirigé par Vincent Bolloré?

Tout d'abord, on ne peut s'empêcher d'évoquer des similitudes entre son projet entrepreneurial et la stratégie Bolloré. Pour lui, le point commun se résume en un mot : convergence, qui semble être selon J6M le mot-clé de notre époque, même s'il fut sans doute le premier grand patron à l'utiliser au début des années 2000. « Il y a quinze ans, ceux qui parlaient de convergence passaient pour des fous. Aujourd'hui, ce n'est plus un sujet, c'est une réalité. Nous avons tous une tablette, un smartphone sur lesquels nous avons tous les contenus disponibles, à n'importe quel moment. La convergence, c'est « Retour vers le Futur » ». Le seul tort qu'il pense avoir eu étant finalement d'avoir raison trop tôt.

 

 

Bolloré, homme de rupture

 

Notre époque de digitalisation c'est aussi une époque de rupture, de transition entre une économie et une autre. De ce point de vue, Vincent Bolloré lui paraît être un homme de rupture, parfaitement à l'aise dans son époque. Pour Jean-Marie Messier, l'expérience d'Autolib montre la capacité de l'industriel finistérien à susciter et à gérer la rupture, y compris au sein du groupe de médias et de divertissements français. « Vivendi avait décroché ces dernières années des évolutions du monde digital, il tente d'y revenir avec Dailymotion, avec des partenariats, comme, en production, avec sa montée au capital dans Banijay », estime J6M.

Vincent Bolloré lui paraît aussi être un homme capable de surmonter les difficultés structurelles de Vivendi, une entreprise qui a trop longtemps fonctionné en silos, ce que Vincent Bolloré combat. « Au-delà de sa vision, il a une expérience managériale précieuse. Il a cassé les silos de Vivendi pour faire en sorte que le groupe fonctionne, non pas comme une collection de sociétés, mais comme une seule entreprise », a déclaré Jean-Marie Messier à nos confrères du Figaro.

 

 

Concentration 

 

Jean-Marie Messier semble particulièrement convaincu de la capacité de Vivendi de « devenir un acteur du contenu extrêmement compétitif et performant ». Mais il lui faudra pour cela continuer de croître « par des acquisitions, mais aussi par des partenariats et des développements de plateformes, en particulier digitales ». Il existe actuellement selon Jean-Marie Messier un mouvement de concertation à la fois dans le secteur des télécommunications et des médias dans lequel Vivendi a une carte importante à jouer.

Mais pour Jean-Marie Messier, d'autres acteurs ont aussi un rôle à jouer : Patrick Drahi, Xavier Niel, Martin Bouygues, et, bien sûr Stéphane Richard et Orange. Tous doivent prendre leur part dans un mouvement de concentration européen, qui commence, naturellement pour des industriels français, par l'Europe du Sud, et notamment l'Espagne et l'Italie. Plus en affinités culturelles avec la France, les pays de l'Europe du Sud sont des cibles privilégiées pour les acteurs français, ce qui explique l'intérêt formulé par plusieurs pour Telecom Italia.

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