Le transport aérien peut-il vraiment se décarboner sans décroître ?

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Contraindre les usages : voici un levier de décarbonation encore tabou dans la plupart des secteurs d'activité pourtant engagés dans un objectif de neutralité carbone en 2050. Et l'aérien n'échappe pas à la règle. Alors que les prévisions de l'OACI (organisation internationale de l'aviation civile) en matière de réduction des émissions de CO2 sont encore loin des objectifs de décarbonation du secteur en 2050, Michel Wachenheim, président de l'Académie de l'Air et de l'Espace, Grégoire Carpentier, cofondateur de Aéro-Décarbo, Thibaud Normand, directeur Climat de Safran, Justine Coutard, directrice de l'aéroport d'Orly, en ont débattu lors d'une table ronde qui s'est tenue mardi 7 juin dans le cadre du Paris Air Forum organisé par La Tribune.

Publié le 08-06-2022 par Laurent Guéna

« D'ici à 2050, il sera beaucoup plus compliqué de lutter contre les lois de la nature, en l'occurrence le réchauffement climatique, que de se répartir une croissance du trafic aérien si jamais il fallait l'encadrer. » Pour Grégoire Carpentier, cofondateur d'Aéro-Décarbo qui a publié en mai 2021 avec The Shift Project le rapport « Pouvoir voler en 2050 », la trajectoire de décarbonation du transport aérien ne sera pas sur de bons rails tant que le secteur ne se sera pas fixé un budget carbone, soit une quantité cumulée d'émissions de CO à ne pas dépasser entre aujourd'hui et 2050. Et ce, pour dès à présent bâtir une feuille de route qui permette de réduire ses émissions de CO de 3,5% par an, « pour se décarboner au moins aussi vite que l'économie ».

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Des leviers technologiques trop lents à produire des résultats

Pour l'heure, en octobre 2021, les 290 compagnies aériennes membres de IATA se sont fixé l'objectif du « zéro émission nette » d'ici à 2050. « Un cadre qui revient à diminuer de 90% les émissions par passager par kilomètre à cette échéance, précise Thibaud Normand, directeur Climat de Safran, le solde résiduel étant compensé par des puits de carbone. »

Le premier levier sur lequel s'appuie l'IATA, c'est bien sûr le développement des carburants aériens durables (SAF en anglais pour sustainable aviation fuel). D'abord, augmenter leur taux d'incorporation, comme c'est le c

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