Après les panneaux solaires, les voitures électriques, les jouets et les biens de grande consommation, la Chine a aussi renversé le marché mondial du caviar. En seulement dix ans, le géant asiatique est devenu le leader incontesté de ce mets raffiné en produisant autour de 220 tonnes par an, soit plus du tiers du marché mondial. De quoi inonder la planète puisque l'appétit chinois pour ces précieux œufs d'esturgeon est encore balbutiant et, qu'en comparaison, la demi-douzaine de producteurs tricolores n'en produit que 48 tonnes. « Pour la Chine, c'est avant tout un enjeu de soft power d'arriver à exporter partout le produit le plus luxueux du monde. Et il faut reconnaître que la qualité de leur caviar est tout à fait acceptable », juge Laurent Deverlanges, le patron de Caviar de Neuvic, qui en produit douze tonnes par an en Dordogne.

« L'Europe est devenue une passoire économique »

Tout le problème c'est que le caviar chinois sort à des tarifs environ 50 % moins chers que la production tricolore et, surtout, que les dés commerciaux sont fondamentalement pipés. Alors que 80 tonnes de caviar chinois, taxées à seulement 17 %, sont importées par l'Union européenne, la Chine interdit strictement toute importation de caviar étranger sur son territoire. Un deux poids, deux mesures évident. « Cela montre à quel point l'Europe est devenue une passoire économique d'une naïveté confondante. Nos politiques manquent de courage ou de discernement », s'emporte Laurent Dulau, à la tête de St