Démission surprise

Hier soir, Frédéric Lavenir, le directeur général de CNP Assurances, a créé la surprise en annonçant qu'à compter du 31 août 2018, il quitterait ses fonctions pour « raisons personnelles ». Cette démission inattendue, que Frédéric Lavenir a annoncée lui-même par un communiqué de presse des plus succincts, intervient à un moment décisif pour la compagnie d'assurances, puisqu'elle est en pleines négociations pour le renouvellement d'un partenariat majeur au Brésil.

Interrogé par nos confrères de l'agence France-Presse, le groupe CNP Assurances a refusé de commenter la nouvelle et s'est contenté d'indiquer que « le conseil d'administration procèdera dans les meilleurs délais à la désignation de son successeur ».

Le caractère surprenant, subit et peu opportun dans un contexte de renégociations aussi sensible est bien entendu source d'interrogations profondes. Frédéric Lavenir est-il las de subir des turbulences permanentes et d'être condamné à diriger une entreprise dont l'avenir repose essentiellement sur des partenariats de distribution avec des tiers ? Ou bien s'est-il sacrifié lui-même au nom de l'intérêt de la compagnie, en mettant sa démission dans la balance des négociations avec le partenaire brésilien ? Les actionnaires de contrôle que sont l'État et la Caisse des dépôts et consignations ont-ils poussé le directeur général à la démission ? La question demeure pour l'instant entière.

Une démission qui tombe mal

Il n'en demeure pas moins que CNP Assurances perd un dirigeant dont la compétence, la renommée et l'expérience étaient autant d'atouts pour la compagnie. Directeur général de CNP Assurances depuis 2012, Frédéric Lavenir avait succédé à Gilles Benoist aux commandes du premier assureur de personnes en France.

Son parcours était émaillé de réussites et d'expériences aussi enrichissantes que prestigieuses. Cet énarque et inspecteur des finances avait en effet été le directeur adjoint du Cabinet de Dominique Strauss-Kahn au ministère de l'Économie et des Finances.

Il avait ensuite rejoint BNP Paribas, pour y occuper les fonctions de directeur des Ressources humaines, participant ainsi activement au rapprochement de la première banque française avec l'établissement bancaire belge Fortis.

Son départ renforce l'incertitude dans une période qui n'est déjà que trop incertaine. En effet, CNP Assurances semble s'embourber dans d'interminables négociations avec Caixa Seguridade, filiale d'assurance du deuxième groupe bancaire public brésilien, Caixa Economica Federal. Or, grâce à ce partenariat, CNP Assurances détenait 10 % des parts du marché brésilien de l'assurance des personnes.