Agrial tourne le dos

Depuis la naissance du projet, l'exploitation agricole industrielle de Lurcat dans la Somme a fait couler plus d'encre que de lait. Symbole d'une agriculture productiviste et industrielle, qui va à l'encontre des aspirations des consommateurs français autant que des principes du développement durable et de l'écologie, elle a rencontré l'hostilité des organisations écologistes et de certains syndicalistes agricoles, la Confédération Paysanne en tête. La ferme a néanmoins vu le jour, et trouvé ces premiers clients. Mais elle pourrait bien les perdre rapidement.

En effet, Agrial, la coopérative agricole propriétaire et des marques Danao et Agrilait, a annoncé qu'elle ne s'approvisionnerait plus auprès de la ferme industrielle. Jusqu'à présent, Senagral, la filiale d'Agrial qui collecte le lait auprès des producteurs qui n'adhèrent pas à la coopérative, collectait le lait de la Ferme des Mille pour fabriquer des produits laitiers sous marque de distributeur.

Les craintes de la grande distribution

Le groupe coopératif agricole et agroalimentaire met en avant, il est vrai, une logique de « lait durable », de réduction de l'empreinte carbone des exploitations, et des engagements responsables qui s'accommodent mal avec le caractère sulfureux de la Ferme des Mille Vaches. Mais il semblerait qu'une autre raison ait guidé ce choix de tourner le dos à La Ferme des Mille Vaches : les craintes de la grande distribution. En effet, la grande distribution redouterait que la Confédération Paysanne ne se livre à des opérations coup de poing dans les rayons ultra-frais de ses hypers et supermarchés.

Le meilleur moyen de l'éviter est sans doute de refuser de laisser produire ses yaourts et autres fromages blancs sous leurs marques de distributeurs respectives avec du lait provenant de l'exploitation emblématique d'une agriculture de masse. En tous cas, Agrial lui-même a pris les devants. Reste à voir si d'autres fabricants suivront.