Un nouveau « French Paradox »

C'est une nouvelle forme de « french paradox » qui s'est révélé à l'occasion du salon World Nuclear Exhibition au Bourget. On y a célébré les vertus de l'atome et l'excellence de la filière française, alors qu'à quelques kilomètres de là, le Palais Bourbon bruissait des débats sur la transition énergétique, qui vise à réduire la part du nucléaire à 50%.

Henri Proglio, en pleine incertitude sur son renouvellement, y est apparu lors d'un discours inaugural en leader d'une filière dont il a vanté les mérites et les succès : après le feu vert des autorités britanniques, c'est Bruxelles qui a validé la construction des deux EPR de Hinkley Point ; l'efficacité de la maintenance des centrales a réduit de moitié la durée des arrêts de tranche, et la production a augmenté donc considérablement. Malgré l'excellence de ses résultats industriels et financiers, Henri Proglio a peut-être ce matin livré l'un de ses derniers combats à la tête d'EDF.

La transition énergétique appelle d'autres transitions

En effet, les incertitudes sur son renouvellement commencent à faire place aux certitudes de son éviction. La liste de ses successeurs potentiels, jusqu'ici page blanche, commence à se garnir de noms de plus en plus sérieux. Laurence Parisot, l'ex-présidente du Medef, s'est déclarée candidate à la succession de Proglio. On parle aussi de Philippe Crouzet, PDG de Vallourec, de Guillaume Pépy, ou du patron de la filiale anglaise d'EDF.

C'est sans doute aucun la loi sur la transition énergétique qui pèse le plus sur la décision, qui interviendra jeudi. Si l'on change d'orientations en matière de constitution du mix énergétique, il n'est pas possible de laisser à la tête d'EDF un homme qui a su si bien incarner le triomphe de l'atome.