Volkswagen France fait chanter la presse

Volkswagen France fait chanter la presse

La filiale française du constructeur automobile allemand, pris dans la tourmente des tests falsifiés, menace la presse française de retirer ses budgets publicitaires si elle continue à décrier la marque.

Publié le 30-09-2015 par Bertrand Dampierre

Maître chanteur

 

« Errare humanum est. Perseverare diabolicum ». Volkswagen France est en train de vérifier la pertinence et la justesse de ce proverbe latin, et aggrave son cas, que de nombreux observateurs jugeaient déjà pourtant désespéré. Non content d'avoir falsifié délibérément des test d'émissions de particules fines sur les moteurs diesel de presque toutes les marques du groupe, Audi, Volkswagen, Seat et Skoda, ce qui concerne près d'un millions de véhicules dans l'hexagone, le constructeur automobile allemand serait en train de se lancer dans une opération de chantage envers une presse française qu'il juge hostile.

L'hebdomadaire le Canard Enchaîné révèle en effet dans son édition de ce mercredi 30 septembre que Volkswagen Group France aurait menacé de retirer ses publicités dans la presse, en particulier la presse quotidienne régionale, si elle continuait de parler de la crise que traverse le groupe. Le Canard produit comme preuve un mail adressé à l'Agence 366, la régie publicitaire de la presse quotidienne régionale.

 

 

Situation trouble

 

Interrogée par le Canard Enchaîné, l'Agence 366 a voulu temporiser, en confirmant l'existence de ce mail, mais en précisant qu'il ne s'agissait que d'une volonté de décaler les campagnes, afin d'éviter tout télescopage avec la crise actuelle. Pierre Conte, le patron du GroupeM, dont dépend l'agence Mediacom qui gère la publicité pour Volkswagen France confirme cette volonté de décalage : « Volskwagen nous a demandé, ce qui est commun dans les crises, de veiller à ce qu'il n'y ait pas un effet de contraste pour une campagne placée à côté d'un article qui parle du sujet, et nous avons demandé à décaler les campagnes » a-t-il déclaré.

Mais un patron de quotidien régional a également confirmé au Canard s'être vu proposer un encart publicitaire dans son journal « à condition que le jour de sa parution, il n'y ait pas dans le quotidien d'article critique sur Volkswagen », et qu'il avait refusé.

De son côté Volkswagen nie tout en bloc, ce qui, finalement, ne fait qu'ajouter à la cacophonie et renforcer les doutes : « Il n'a également jamais été question d'annuler des campagnes publicitaires en relation avec la publication d'informations sur le groupe Volkswagen », clame le groupe dans un communiqué paru ce jour.

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