La qualité ne paie pas

2015 devait être pour les équipes du mensuel gay une belle année. D'abord parce que le journal fêtait cette année ses 20 ans d'existence, 20 passés à informer la communauté gay avec des papiers de qualité qui lui avaient permis de rayonner bien au-delà de son lectorat pour se faire un nom respecté dans le milieu de la presse magazine. Ensuite parce que, après sa reprise en 2013 par Jean-Jacques Augier à Pierre Bergé, le titre sortait de plusieurs mois de restructuration qui avaient considérablement contribué au redressement de ses comptes.

La décision du Tribunal de Commerce de Paris a donc surpris la direction, qui, dans un communiqué, la qualifie de paradoxale « alors que la société est arrivée au terme de sa restructuration, que l'équipe en place, dynamique et motivée, a assuré la transition vers un magazine culture/société/art de vivre de très grande qualité ».

Jamais rentable

Malheureusement, Têtu n'est jamais parvenu depuis sa création à la rentabilité. Le mensuel a toujours perdu de l'argent, et n'a dû sa survie jusqu'à présent qu'aux capitaux régulièrement injectés par Pierre Bergé, dont le rôle était devenu celui d'un mécène plus que celui d'un patron. L'arrivée de Jean-Jacques Augier a permis de rendre le journal moins coûteux, en  réduisant ses effectifs de 40%. Mais, comme tous les journaux ou presque, sa diffusion payante est en baisse, avec une moyenne de 31000 exemplaires par numéro. La mise en redressement devrait permettre au mensuel de souffler un peu, et de chercher un repreneur, de préférence un grand groupe de presse.