Taxe carbone aux frontières : quand l'arme anti-dumping de Bruxelles se retourne contre l'industrie européenne

acier

C'est, à première vue, un paradoxe surprenant : alors que l'Union européenne veut faire payer aux importateurs leurs émissions de CO2, afin de mettre sur un pied d'égalité les entreprises du Vieux continent - soumises à des normes climatiques strictes - et leurs concurrents étrangers, les industriels européens eux-mêmes se battent contre la mesure. Et pour cause, ces derniers s'inquiètent d'une disparition trop brutale des droits à polluer qui leur sont aujourd'hui distribués gracieusement. Explications.

Publié le 25-05-2022 par Marine Godelier

Si l'on en croit les industriels du Vieux continent, c'est un texte destructeur qui vient d'être adopté par la commission Environnement du Parlement européen, le 17 mai dernier. Et pour cause, s'il entrait en vigueur, celui-ci les rapprocherait d'un « point de rupture », en menaçant des « millions d'emplois », mais aussi « les exportations » et « les investissements » au sein de l'Union européenne. C'est en tout cas ce qu'affirmait lundi AEGIS Europe, qui rassemble plus de 200 associations industrielles sur l'ensemble de la chaîne de valeur, et dont les membres comptent bien se faire entendre avant le vote en plénière, prévu le 7 juin.

« C'est très grave. [...] On est très inquiets. Les parlementaires crient victoire, mais on n'est pas du tout du même avis. On a le sentiment qu'ils préparent un outil qui ne va absolument pas régler les problèmes », glissait-on dans ses rangs.

Et pourtant, le dispositif en question, baptisé mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF), devait produire exactement l'effet inverse. C'est-à-dire rassurer les Vingt-Sept en luttant contre le « dumping climatique », qui nuit aujourd'hui à leur compétitivité, en soumettant les importateurs aux mêmes exigences environnementales que les entreprises européennes dans certains secteurs très émetteurs (ciment, acier, engrais, électricité, et aluminium notamment). Une manière de faire grimper les coûts des produits polluants issus des marchés étrangers - aux prix aujourd'hui tirés vers le bas - et d

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