Le modèle allemand chahuté

Le modèle allemand ! Son coût du travail ! Son dialogue social ! La compétitivité et l'excellence de ses entreprises ! Que n'a-t-on entendu depuis des années sur les mérites de cette Allemagne si vertueuse, performante et meilleure élève de l'Europe ? Combien de leçons les patrons français, les hommes politiques, les économistes ne nous ont-ils assénées en vantant les mérites de l'Allemagne et en stigmatisant le cancre français ?

Pourtant, de l'autre côté de la frontière, une usine d'équipement automobile allemande, qui plus est appartenant à un autre champion mondial, l'Américain Johnson Controls, va fermer ses portes et licencier 320 salariés car deux filiales françaises de Faurecia, Sielest et Siedoubs, sont plus compétitives qu'elle et lui ont ravi ses principaux contrats, l'acculant à cette extrémité.

La France se redresse

Éloignée de seulement une dizaine de kilomètres de la frontière française, elle fournissait les usines de PSA. Mais le constructeur automobile français a choisi de confier ces contrats à Sielest et à Siedoubs. Les syndicats allemands pestent contre le gouvernement français et voient dans ce revirement de PSA une raison politique : faire baisser le chômage en France.

Mais la raison semble tout autre. Sielest et Siedoubs ont appliqué des contrats de compétitivité, impliquant le gel des salaires et des engagements de progression en matière de qualité. Par conséquent, elles sont devenues plus compétitives que l'usine allemande qui, elle, abaissait progressivement sa qualité de production et de service. Là se situent les raisons de ce changement de fournisseur, qui profite à l'usine mulhousienne comme à celle de Sochaux.