Si j'ai bonne mémoire

Philippe Boyer, Covivio (ex-Foncière des Régions)

OPINION. L'usage quotidien du Web couplé à la puissance de stockage des machines a pour effet de nous faire de plus en plus dépendre de la technologie jusqu'à concéder que notre mémoire soit « externalisée ». Par Philippe Boyer, directeur de l’innovation à Covivio.

Publié le 29-06-2019 par Philippe Boyer

L'académicien, écrivain et historien des sciences, Michel Serres, décédé le 1er juin dernier, prenait plaisir à raconter la légende de l'évêque Denis1, devenu martyr puis saint. En bon philosophe technophile, il racontait cette histoire qui se passa, dit-on, à Lutèce lorsque les premiers chrétiens se réunissaient en secret pour échapper aux persécutions romaines. Arrêté par la légion romaine, l'évêque Denis fut condamné à mort et décapité à Montmartre avec ses compagnons d'infortune. L'histoire ne s'arrêta pas là puisque la légende relate le miracle qui produisit alors : le condamné réussissant à parcourir six kilomètres en tenant sa tête entre ses mains jusqu'à s'écrouler en un lieu sur lequel fut érigé la basilique de Saint-Denis que l'on connait de nos jours. Si la statue de saint Denis est visible sur la façade de la cathédrale Notre-Dame de Paris, cette histoire illustre la façon dont Michel Serres décrit les inventions technologiques, et en particulier l'ère numérique dans laquelle nous sommes entrés de plain-pied.

Mémoire externalisée

Quel rapport entre saint Denis portant sa tête « hors de son corps » et le monde numérique ? Pour l'auteur de « Petite Poucette2 », nous serions à présent dans la même situation que Denis ; c'est-à-dire à porter nous-mêmes notre tête. Du fait des multiples machines (smartphones, ordinateurs...) qui nous environnent, nous aurions plus ou moins consciemment externalisé notre mémoire et une partie de nos facultés. Grâce à ces machines qui n'

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