Savoir-faire industriel : la filière nucléaire doit s'inspirer de l'aéronautique

Flamanville

OPINION. La filière nucléaire française est au pied du mur : le rapport remis par Jean-Martin Folz au gouvernement le 28 octobre dernier a dressé un bilan sévère du chantier de l'EPR de Flamanville. Un constat d'échec qui souligne notamment «une perte de compétences généralisée» à laquelle la filière devra rapidement apporter des réponses. De ce point de vue, le secteur de l'aéronautique offre des pistes de réflexion pour restaurer et sauvegarder le précieux savoir-faire industriel. Par Jérémie Aboiron (*), ingénieur diplômé de l'Institut technologique de Valencia.

Publié le 12-11-2019 par Jérémie Aboiron

Dans son rapport au vitriol remis au gouvernement, l'ancien PDG de PSA Jean-Martin Folz est revenu sur les déboires autour de la construction du réacteur de troisième génération à Flamanville, dans la Manche. Préparé à la demande du ministre de l'Économie Bruno Le Maire, le document dresse un constat sans appel : «La construction de l'EPR aura accumulé tant de surcoûts et de délai qu'elle ne peut être considérée que comme un échec pour EDF».

Si le rapport de Jean-Martin Folz ne remet pas en cause « la pertinence du concept et du design de l'EPR », l'audit égrène les nombreuses faiblesses et les carences qui se sont accumulées tout au long du chantier : mauvaises relations et communication entre EDF et ses partenaires, mauvaise gouvernance du chantier et, surtout, une perte de compétences «généralisée».

Carence en savoir-faire

Une carence en savoir-faire qui touche l'ensemble de la chaîne de production, des bureaux d'études «coupés des réalités du monde industriel en émettant des spécifications irréalisables» à la mauvaise exécution de certaines tâches sur le chantier, comme les soudures. Les industriels fabricants de composants et les organismes chargés du contrôle des travaux ne sont pas non plus épargnés par le rapport Folz.

Cette situation est largement due à la raréfaction des grands projets nucléaires ces dernières années, un avis partagé par le président de l'ASN Bernard Doroszczuk. De fait, le dernier réacteur mis sur le réseau en France est celui de Civaux en 20

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