S'endetter, oui, mais pour faire quoi ?

Michel Santi, 2018.10.08,

OPINION. A la suite de Keynes, voilà des années que j'en parle et que j'en détaille les mécanismes. A présent, la réalité a rattrapé les économistes «mainstream» qui reconnaissent à regrets la nécessité absolue pour les Etats de creuser leurs dettes dans le contexte actuel de récession due à la crise sanitaire. Par Michel Santi, économiste (*).

Publié le 12-10-2020 par Michel Santi (*)

Si les responsables aux manettes se sont résignés à creuser les déficits publics, une question au moins théorique s'impose : jusqu'à quel niveau un Etat peut-il s'endetter ? A dire vrai, nos nations occidentales n'ont pas de quoi s'inquiéter dès lors qu'elles se réfèrent à un grand pays industrialisé, moderne, à l'économie intégrée et amplement tournée vers la globalisation comme le Japon dont la dette publique atteignait 155% du PIB... avant la pandémie. Il convient, cependant, d'être extrêmement attentif car une dette publique - même nettement inférieure à celle du Japon - deviendrait ingérable voire catastrophique dès lors que la charge de cette dette s'alourdirait si la configuration des taux d'intérêts venait à changer. Certes, la stagnation séculaire (largement expliquée dans nombre de mes analyses précédentes) que subit notre monde ne laisse-t-elle pas prévoir un bouleversement à court terme du contexte actuel de taux proches du zéro, mais il serait irresponsable pour qui est à la tête d'un gouvernement d'ignorer ce cas de figure.

Une opportunité unique

Il y a déjà près d'un siècle, celui que nombre de nos analystes, de nos économistes et de nos chefs d'Etat ont ridiculisé - à savoir John Maynard Keynes - écrivait une lettre ouverte le 31 décembre 1933 au Président Franklin D. Roosevelt publiée dans le New York Times où il expliquait que des transferts d'argent ou des réductions d'impôts n'ont quasiment aucun impact positif sur l'économie. La précieuse reflation exige

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