Quand sonne l’heure de la retraite démocratique

Des gens a paris manifestation contre le plan de reforme des retraites du gouvernement francais

ANALYSE. L’affrontement social de ce début d’année 2023 déborde largement la seule question de réforme des retraites : il interroge la place d’un président pris en étau entre l’opposition et la rue. Par Claude Patriat, Université de Bourgogne – UBFC

Publié le 11-02-2023 par Claude Patriat

Retraite, retraite, le mot est partout, il vole de tweet en tweet, de manifestation en émission, de motion en émotion. Jamais son usage n'a autant joué de son ambivalence : retraiter, en effet signifie soit mettre à la retraite, soit traiter de nouveau.

L'affrontement semble se résumer à d'une part un président qui, soucieux en même temps d'affirmer sa capacité réformatrice et de prouver la crédibilité de la France à réduire son endettement, défie opinion publique, partis et syndicats ; d'autre part, une opposition disparate dans sa coalition, sans convergence possible entre RN, LR et Nupes mais hostile par principe à Emmanuel Macron.

En fait, par le moment où il se joue, par le cadre politique où il se déroule, par le système communicationnel qui le met en branle, l'affrontement social déborde largement cette seule question de réforme du temps de vie au travail : il met en face à face l'État et la société, et interroge le rapport des citoyens au pouvoir politique.

La fin de l'insouciance

La matière même de la retraite détient un potentiel aussi diversifié qu'explosif : placé à la charnière de la vie privée, dont elle couvre une part du projet individuel de vie, et de la vie publique, dont elle exprime le sens solidaire, elle mobilise la question de l'être ensemble et de l'acceptation des contraintes collectives, en même temps qu'elle interroge sur le sens du travail. Qu'on ne s'étonne pas, dès lors, de la dimension totémique que prend le débat.

L'été dernier, en préambule de

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