Piketty: "Tant qu'il n'y aura pas plus de justice fiscale, ce gouvernement aura du mal à réformer"

thomas piketty

GRAND ENTRETIEN. Révolte des "gilets jaunes", crise écologique, fiscalité progressive... le célèbre économiste revient sur l'actualité et parle de son livre, "Capital et idéologie", où il montre qu'il n'y pas de fatalité à l'aggravation des inégalités.

Publié le 16-11-2019 par Grégoire Normand

[Version intégrale de l'interview publiée dans La Tribune Hebdo n°310, en kiosques le 15/11/2019]

LA TRIBUNE -  Un an après le début du mouvement des gilets jaunes, quelles leçons tirez-vous de cette séquence inédite ?

THOMAS PIKETTY - Je pense que le mouvement des gilets jaunes a montré qu'il faut prendre au sérieux les questions de justice fiscale. Le gouvernement actuel ne veut pas entendre parler de justice fiscale. L'exécutif est arrivé au pouvoir en mettant en avant les premiers de cordée et les autres suivront. Il a annulé les hausses sur les carburants et pris des mesures sur les bas salaires mais tant qu'il ne fera pas un geste en termes de justice fiscale, la situation ne sera pas apaisée.

Qu'entendez-vous par le rétablissement de la justice fiscale ?

Je pense que cela passe par le rétablissement d'un impôt sur la fortune moins percé. Il y avait beaucoup de niches pour l'impôt sur la fortune, ce qui en avait réduit le poids. La taxe foncière rapporte à elle seule 40 milliards d'euros alors que les actifs financiers sont exonérés. Un impôt sur la fortune qui pèse sur les 1% des patrimoines les plus élevés devrait rapporter au moins 10 ou 15 milliards d'euros. Tant qu'il n'y aura pas des mesures fortes en matière de justice fiscale, ce gouvernement aura beaucoup de difficultés à faire passer les autres réformes.

Lire aussi : "Gilets jaunes" : "La suppression de l'ISF a desservi le gouvernement"

Que pensez-vous de la réforme sur les retraites ?

Sur les retraites, je s

Lire la suite

Voir la suite...

Les dernières actualités