Pas de rapprochement entre Canal+ et BeIn

Pas de rapprochement entre Canal+ et BeIn

L'Autorité de la concurrence a tranché. Canal+ ne pourra pas distribuer les chaînes premium BeIn Sports en exclusivité.

Publié le 10-06-2016 par Laurent Baquista

Refus de l'accord de distribution exclusive

 

Le rapprochement avec BeIn était considéré par Vincent Bolloré comme le seul moyen de colmater la fuite des abonnés, qui ne cessent depuis quelques années de quitter Canal+. Le seul moyen de mettre fin à la surenchère des droits télévisés sportifs. Le seul moyen aussi de signer l'armistice dans la petite guerre entre chaînes qui a conduit de nombreux journalistes et consultants du service des sports de la chaîne cryptée à rejoindre les chaînes du groupe qatari.

Mais hier en fin d'après-midi, la solution trouvée par l'homme d'affaires finistérien est morte dans l'oeuf. L'Autorité de la concurrence a en effet refusé purement et simplement de donner son aval au rapprochement entre les deux groupes, et à l'accord de distribution exclusif qui devait les lier, et que Canal+ avait déjà commencé à commercialiser sous la forme d'une offre spéciale groupée.

 

L'injonction TPS toujours d'actualité

 

Le régulateur anti-trust a refusé de lever une injonction qui remonte à l'absorption de TPS par le groupe Canal+, qui interdit à ce dernier de distribuer des chaînes premium en exclusivité. Le patron de l'Autorité de la concurrence, Bruno Lasserre, connaissait par coeur ces dispositions, puisqu'il avait lui-même instruit ce dossier il y a dix ans. Malgré les arguments de Canal+ et Vivendi, qui insistaient sur le fait que la situation avait changé et que Canal+ n'était plus aussi dominant et fort qu'en 2006, les Sages de la rue de l'Échelle ont souhaité continuer à favoriser la concurrence et les opérateurs alternatifs, au premier rang desquels les opérateurs téléphoniques, tous présents sur le marché de la télévision et des droits sportifs.

 

Plan B ou terre brûlée ?

 

Par ailleurs, l'Autorité de la concurrence a été sensible aux craintes formulées par les acteurs du milieu du sport, qui redoutait que ce duopole formé par BeIn et Canal+ ne cherche à faire baisser les montants des droits, principale source de financement du sport professionnel : « Les vendeurs de droits ont pointé les risques de collusion, craignant que Canal+ et BeIn se répartissent les droits ; ce qui aurait été une hypothèque majeure sur le financement du sport » a précisé Bruno Lasserre dans une conférence de presse.

Désormais, les deux groupes n'ont plus qu'à tenter de trouver un plan B. À moins que Vincent Bolloré ne mette ses menaces à exécution, et ne décide de mettre un terme aux activités de Canal+ en France.

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