Les ravages de la délocalisation

En 2007, Serge et Jocelyne Klur se retrouvent au chômage suite à la fermeture de l'usine Ecce à Poix-du-Nord dans le Nord-Pas-de-Calais. Bernard Arnault a en effet pris la décision de délocaliser la production des costumes de la marque Kenzo en Pologne où la main d'uvre est moins chère. Pris dans l'engrenage du chômage et des dettes, les époux Klur sombrent peu à peu dans la misère. Ils ne touchent que 400 euros par mois, et sont redevables de 25 000 euros auprès de leur assurance, qui menace de saisir leur maison.

François Ruffin les a suivi dans leur descente aux enfers, jusqu'à leur suggérer l'idée d'écrire à Bernard Arnault pour le menacer de médiatiser leur cas. Et ce stratagème a marché, puisque le numéro un mondial du luxe a dépêché un émissaire chargé de leur faire une proposition. Filmé en caméras cachées, ce dernier leur a tout simplement fait cadeau de 26 000 euros, et a trouvé à Serge un emploi chez Carrefour, dont LVMH est actionnaire.

David contre Goliath

Satire sociale à la manière de Michael Moore, « Merci Patron! » explore, avec un humour décapant, la misère du monde, les conséquences sociales des logiques boursières, et, surtout, montre que les faiblesses des grands groupes internationaux comme LVMH se situent au niveau de leur image. « Quand on voit que c'est Goliath qui se met à avoir peur de David, cela devient de la science-fiction », raille François Ruffin.

La sortie du film gêne LVMH, bien qu'il ne s'en ouvre pas officiellement. Selon François Ruffin, les journalistes des Échos et du Parisien, tous deux propriétés du  groupe de luxe français, ne pourront faire de papier sur le sujet. Par ailleurs, Europe 1 a annulé la participation du réalisateur à l'Europe1 Social Club de Frédéric Taddéi, sans doute après une intervention de Bernard Arnault auprès de son ami Arnaud Lagardère. Le combat de David contre Goliath n'est donc sans doute pas terminé.