Un départ pour raisons thérapeutiques

Les grandes manoeuvres pour la succession de plusieurs patrons de grandes entreprises ont occupé ces derniers jours la plupart des observateurs de l'actualité économique. La première à changer a été EDF, où Henri Proglio a été remercié par l'Elysée et Matignon, qui l'ont jugé trop nucléariste pour incarner la politique de transition énergétique.
À la tête d'Areva depuis 2007, Luc Oursel aurait peut-être subi le même sort que son homologue d'EDF s'il n'avait pas lui même hier après-midi pris les devants : «Dans des circonstances personnelles très difficiles, malgré mon très fort attachement à Areva, j'ai dû me résoudre à ne pas poursuivre mes fonctions à la tête de l'entreprise et à me mettre en arrêt de travail pour raisons thérapeutiques», a-t-il déclaré dans un communiqué de presse. Gravement malade, Luc Oursel a donc jugé qu'il n'était « plus en mesure d'assumer les responsabilités de président du directoire d'Areva ».

Une nouvelle gouvernance

Ce départ précipite la réflexion du gouvernement sur la gouvernance d'Areva, dont l'État contrôle 87% du capital. Outre le fait de trouver un successeur à Luc Oursel, qui soit susceptible de bien s'entendre avec le nouveau patron d'EDF, Jean-Bernard Lévy, il faut aussi que le gouvernement s'attaque à des problèmes de fond. En effet, Areva est tout d'abord très lourdement endettée. La réduction de ces 4,7 milliards d'euros de dette est le premier problème auquel le nouveau dirigeant devra faire face. Ensuite, les chantiers étrangers des EPR ont pris un retard considérable, qui devrait occasionner de lourdes pénalités financières. En outre, la transition énergétique réduisant la part du nucléaire dans le mix énergétique français, il va falloir développer Areva sur le plan des énergies renouvelables. Enfin, il va aussi falloir changer la gouvernance de l'entreprise, pour qu'elle devienne une entreprise avec direction générale et conseil d'administration. Le successeur de Luc Oursel aura donc fort à faire.