Lubrizol, Erin Brockovich et le principe de suspicion

Rouen, incendie, Lubrizol

ÉDITO. Le cas Lubrizol est emblématique d'une époque de défiance généralisée à l'égard de toute parole publique. Il ne suffit pas de dire que tout va bien ; il faut expliquer, argumenter, démontrer. Par Philippe Mabille, directeur de la Rédaction.

Publié le 04-10-2019 par Phillippe Mabille

« La catastrophe Lubrizol n'est pas un incident local. C'est une catastrophe technologique, économique et écologique d'ampleur nationale, qui doit être traitée comme telle. » Plus de 100 maires et élus de Rouen et de Seine-Maritime ont interpellé ainsi le 2 octobre le Premier ministre, Édouard Philippe, lui demandant d'engager le gouvernement pour « répondre aux peurs, angoisses et questionnements » nés après l'incendie de l'usine Seveso aux portes de la capitale normande.

Dix-huit ans après l'explosion, en septembre 2001, de l'usine AZF de Toulouse, dont le procès n'est toujours pas achevé, Lubrizol s'impose comme la deuxième plus grande catastrophe industrielle du XXIe siècle. Le moins que l'on puisse dire est que la gestion de la crise, occultée pendant les premières 48 heures par l'annonce de la disparition de Jacques Chirac, n'est pas un cas d'école en termes de communication publique. Il a fallu attendre une semaine pour que la liste des 479 produits dangereux partis en fumée dans l'usine soit enfin dévoilée. Et pour que la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, reconnaisse officiellement que « personne ne sait dire aujourd'hui ce que donnent ces produits mélangés lorsqu'ils brûlent ».

Pas étonnant que face à ce manque de transparence, la population, noyée sous les fake news, ait opté pour un principe de suspicion. « On veut la vérité », scandent les manifestants tandis que les agriculteurs s'inquiètent des conséquences sanitaires du nuage de suie long de 22 kilomètres sur

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