Les salariés d'Areva manifestent leur colère

Les salariés d'Areva manifestent leur colère

Les salariés d'Areva vont manifester devant la Tour éponyme de la Défense, pour protester contre le « gâchis industriel » et la « casse sociale ».

Publié le 14-09-2015 par Guilhem Baier

Ne pas se laisser plumer

 

A l'appel de la totalité des syndicats du groupe, la CGT, la CFDT, FO, UNSA-SPAEN et la CFE-CGC, les salariés du géant du nucléaire se mobilisent en un rassemblement devant le siège social du groupe à La Défense. Ne voulant pas, pour reprendre leur expression « se laisser plumer sans réagir », ils veulent essayer de contrer la « casse sociale » et la « destruction latente de la filière nucléaire française » qui leur paraît se profiler dans un avenir qui n'est que trop proche. Avec 4,8 milliards d'euros de pertes, Areva semble en effet condamnée à la fois à la restructuration, et au démantèlement.

 

 

La restructuration inquiète

 

Un plan de restructuration a déjà été dessiné par la direction, qui prévoit la suppression de 6000 emplois, dont 3000 ou 4000 en France. Même si ce plan implique de nombreux départ anticipés et volontaires, les syndicats sont persuadés que, faute d'un nombre suffisant de volontaires, il se transformera en un plan de sauvegarde de l'emploi, et impliquera de nombreux licenciements. En outre, les départ anticipés vont priver Areva de salariés expérimentés, qui disposent d'un savoir-faire éprouvé dans le domaine du nucléaire. En partant plus tôt que prévu, ils ne pourront le transmettre aux plus jeunes, ce qui contribuera à fragiliser l'entreprise, et la filière nucléaire, y compris sur des questions de sécurité.

 

 

Le démantèlement aussi

 

Quant au démantèlement, il est lui aussi déjà initié. Le gouvernement a en effet milité pendant des mois pour un rapprochement entre Areva et EDF, notamment dans le domaine des activité liées aux centrales et aux réacteurs nucléaires. EDF semble en effet disposer d'un savoir-faire et des compétences d'ensemblier qui manquent à Areva pour vendre des centrales clés en main, comme elle a essayé de le faire en Finlande, sur le chantier de l'EPR à l'Olkiluoto. Chantier calamiteux, où le groupe a perdu des années entières, et des milliards d'euros.

Mais l'absorption d'Areva NP par EDF est vécue par les salariés comme un drame, autant que comme une erreur stratégique. Elle signe en effet pour eux la mort du modèle qui avait donné naissance à Areva, un modèle intégré de l'amont à l'aval, qui suivait toute la filière et la durée de vie du combustible. Ce modèle leur semble encore pertinent, et ils estiment que les erreurs commises par le management du groupe ne sont pas des raisons suffisantes pour le remettre en cause.

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