"Les restaurants gastronomiques ne sont pas des nantis" (Michel Sarran)

Michel Sarran

Le chef doublement étoilé Michel Sarran est devenu, malgré lui, le porte-parole d'une profession en détresse pendant cette crise sanitaire. Une mission qui l'a "stressé". C'est en tout cas l'un des enseignements à retenir de cet entretien qu'il a accordé à La Tribune. Dans nos colonnes, l'entrepreneur toulousain, qui emploie une centaine de personnes, regrette aussi l'étiquette de "nantis" collée à la restauration gastronomique. Le chef emblématique appelle donc à un accompagnement financier sur la durée pour le secteur de la restauration. Interview.

Publié le 29-05-2020 par Pierrick Merlet

La Tribune : Plus de deux mois après la fermeture de votre restaurant deux étoiles, le samedi 17 mars, quel est votre état d'esprit ? Comment va l'homme et le chef d'entreprise ?

Michel Sarran : Je ressens beaucoup d'inquiétude, à plusieurs titres. Tout d'abord pour mes maisons, à savoir mon restaurant deux étoiles et "Ma Biche sur Le Toit" à Toulouse, et pour l'activité économique en général. J'ai aussi une entreprise de conseils et avec l'épidémie, tout est à l'arrêt. Je suis inquiet aussi pour notre profession car beaucoup de restaurants souffrent après plus deux mois de fermeture, sans oublier qu'il y a eu auparavant plusieurs mouvements sociaux dont les Gilets Jaunes... Il faut savoir que la restauration a un modèle économique très fragile. Pour beaucoup, les restaurants gastronomiques sont des nantis. Alors oui, cela s'adresse à des personnes qui sont favorisées, mais ce n'est pas pour cela que le modèle économique est extrêmement lucratif, loin de là. De plus, derrière nous, nous faisons travailler tout un tissu rural de producteurs, qui pratiquent eux aussi l'excellence, et qui eux non plus n'ont pas un modèle économique facile. Toutes ces personnes sont dans la tourmente avec nous.

La réouverture des restaurants est désormais actée au 2 juin pour les zones vertes. Maintenant, est-ce viable sur le plan économique pour un restaurant d'ouvrir avec une capacité de service réduite en moyenne de moitié ?

M.S: C'est un terrible dilemme. Néanmoins, nous sommes des entrepren

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