Les milliardaires et les aventuriers

Abdelmalek Alaoui

Rupture(s). Afin de créer de nouveaux modèles, il faut faire de la place pour le renouveau. Or, la complexification du tissu productif, combinée à la globalisation, à la sophistication des systèmes économiques et aux urgences sociales rend complexes toutes tentatives – même rationnelles et nécessaires- de modifier la manière dont les économies produisent et redistribuent la richesse. Dans les pays riches, l’on est confronté à des sociétés « bloquées » par une architecture qui entrave la possibilité de remettre à plat le système. Dans les pays pauvres ou à revenu intermédiaire, c’est le millefeuille d’urgences sociales qui empêche de libérer les énergies. Dans ce contexte, l’inertie n’est pourtant pas une option.

Publié le 02-12-2019 par Abdelmalek Alaoui

De quoi la grève annoncée du 5 décembre en France est-elle le nom ? Voici donc un pays riche, doté d'un dispositif de protection sociale parmi les plus généreux au monde, avec un taux de chômage structurel certes élevé mais amorti par ce même système, dont les citoyens organisent la paralysie des transports pour protester contre une réforme du système des retraites... qui n'a pas encore été dévoilée par les pouvoirs publics. Vu du sud, cette situation paraît presque ubuesque, car ce mouvement de grève s'apparente à une protestation contre la biologie et les progrès de la médecine, qui ont permis l'allongement considérable de la durée de vie. Si l'on ajoute à cela que les frais médicaux inhérents à la prise en charge du grand âge sont en train d'exploser, l'on ne peut qu'être circonspect face à toute tentative d'enrayer une réforme qui devrait reculer l'âge de la retraite. Nous sommes ici confrontés à un problème d'équilibre pourtant simple et arithmétique. Pour protéger le système de retraite de l'Hexagone, les gens doivent cotiser plus et plus longtemps, et les régimes spéciaux, hérités de particularismes liés à des métiers à forte pénibilité, doivent progressivement s'aligner sur le régime général.

Des gouvernants sous pression

Mais s'arrêter à ce constat serait naïf, car cela reviendrait à nier les dynamiques qui irriguent les nouvelles sociétés du 21e siècle. De fait, balayer d'un revers de la main les diverses contestations sociales au nom de réformes jugées nécessaires

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