Les émergents à l'épreuve de la double rupture du commerce

Abdelmalek Alaoui

Depuis une semaine, impossible de passer à côté. Jumia, la plateforme de e-commerce dédiée à l'Afrique, s'est introduite à la bourse de New York le 12 avril, portant ainsi sa valorisation à près de 2 milliards d'euros. Dès l'annonce de la nouvelle, des voix se sont élevées pour dénoncer un usage illégitime du label « Made in Africa », arguant que le siège de l'entreprise se trouve en Allemagne, ses développeurs au Portugal, et son fondateur à Paris. D'autres, au contraire, ont voulu célébrer la première « Licorne africaine », estimant que Jumia ouvre la voie à des entreprises technologiques opérant dans les zones émergentes. Les deux communautés ont en partie raison, mais aucune ne raconte l'histoire en entier. Derrière le succès de cette plateforme se cache en réalité une double rupture du commerce qui met à l'épreuve les pays émergents.

Publié le 23-04-2019 par Abdelmalek Alaoui

Darth Vador ou Luke Skywalker? « Étoile de la mort » du commerce traditionnel ou avatar emblématique d'un « Leapfrog » technologique tant attendu par les pays émergents ? Depuis son introduction en bourse réussie à la bourse de New York le 12 Avril qui a vu son cours s'apprécier de 200%, les analystes hésitent pour qualifier Jumia, la plateforme de e-commerce dédiée à l'Afrique que d'aucun présentent - de manière excessive- comme l'« Alibaba » africain ou l'"Amazon" du continent. Pour Issam Chleuh, le directeur exécutif de Suguba, une plateforme qui soutient les start-ups en Afrique de l'Ouest Francophone, la cause est entendue. Dans une tribune au vitriol parue chez Jeune Afrique, Chleuh dénonce un « inquiétant précédent » et affirme que Jumia ne peut se réclamer de cette étiquette de « Start-up Tech Africaine » . Toujours dans le camp des détracteurs , David Whitehouse du magazine The Africa Report , estime quant à lui que le modèle économique de Jumia est à remettre en cause, l'entreprise ayant cumulé des pertes de plus de 800 millions d'Euros depuis sa création. Pour lui, les investisseurs qui font confiance à Jumia poursuivent un « rêve élusif » et l'entreprise pourrait bientôt rejoindre le cimetière des illusions perdues de la tech mondialisée.

Les deux arguments certes recevables, mais ont toutefois des limites. À n'en pas douter, Jumia constitue en effet un exemple en matière d'appropriation culturelle, exploitant à fond le label « Made In Africa », ce qui lui a vrais

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