Les administrateurs d'EDF ont des doutes sur Hinkley Point

Les administrateurs d'EDF ont des doutes sur Hinkley Point

Selon des indiscrétions révélées ce week-end par le Journal du Dimanche, une courte majorité d'administrateurs d'EDF auraient des doutes sur le projet de construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point.

Publié le 29-03-2016 par Guilhem Baier

Des doutes légitimes

 

Hinkley Point semble bien être devenu le nuage qui obscurcit le ciel d'Électricité de France. Ce projet, chiffré à 24 milliards d'euros, crée de nombreuses incertitudes sur l'avenir de l'énergéticien français, en mettant en cause sa capacité à réussir le financement d'un projet d'aussi grande envergure. Selon le Journal du Dimanche, à l'heure actuelle, une courte majorité se dégagerait au sein du Conseil d'Administration d'Électricité de France, pour reporter, voire abandonner, la mise en uvre du projet. Neuf d'entre eux seraient donc favorables à un report de 3 ans du début du chantier.

 

 

Des causes évidentes 

 

La cause de leurs doutes est évidente : elle porte sur la capacité de financement du projet par EDF. Actuellement, EDF, qui a perdu énormément de valeur en bourse, est valorisée à la hauteur des coûts minimaux prévus pour financer la construction des deux nouveaux EPR britanniques. Ce qui compromet déjà la faisabilité d'un tel investissement.

En outre, Électricité de France doit faire face à de nombreux autres investissements : le programme grand carénage, tout d'abord, qui prévoit des opérations de rénovation et de maintenance dans tous les réacteurs du parc nucléaire français, dans le but de prolonger leur durée de vie. Le rachat d'Areva NP est aussi imminent, et pourrait également être une source de coûts supplémentaires. Enfin, EDF doit aussi supporter sa part du financement du projet Cigéo, projet de stockage en couches géologiques profondes des déchets nucléaires à Bure.

 

 

Une situation impossible

 

Tant que le financement d'Hinkley Point n'est pas bouclé, il paraît donc absolument déraisonnable d'imaginer qu'EDF puisse en assumer seule le financement. Or, les Chinois de CGN se font tirer l'oreille pour investir, et, surtout, ils ont obtenu de ne pas monter à plus d'un tiers dans le financement du projet, laissant donc à EDF le soin de financer les deux tiers restants.

C'est précisément à cause de cette situation que Thomas Piquemal avait, la semaine dernière, présenté sa démission de son poste de Directeur Financier du groupe.

 

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