Le vaccin, dernier clou du cercueil d'une ambition multilatérale ?

Alaoui 2020

CHRONIQUE - Rupture(s). Après la course de vitesse, place désormais au marathon. Durant l'été et l'automne dernier, grandes puissances et géants pharmaceutiques se sont livrés à une bataille féroce pour franchir la ligne d'arrivée vaccinale en premier, rivalisant d'annonces fracassantes. Désormais, de nouvelles lignes de fractures sont apparues avec la bataille pour la fabrication, l'acheminement et l'inoculation du sérum, mettant en lumière une nouvelle géopolitique du vaccin qui remet en cause les équilibres et rapports de forces mondiaux. Mais surtout, la bataille du sérum signifie peut-être la fin de nos illusions pour l'émergence d'un monde multilatéral.

Publié le 04-02-2021 par Abdelmalek Alaoui

> DOSSIER - La course aux vaccins

Pfizer, AstraZeneca, Sinopharm, Johnson & Johnson, Moderna, Sputnik-V. Ces marques sont désormais au centre de la conversation globale, cristallisant à la fois craintes et espoirs d'une communauté mondiale tétanisée par dix mois d'une lutte incertaine face à la pandémie. Dans cette configuration, les gouvernements sont sous une pression inouïe par leurs opinions publiques pour lancer à très brève échéance leurs campagnes de vaccination. Et les écueils sont nombreux autant que complexes.

D'un côté, les producteurs de vaccin doivent organiser leurs chaînes de production dans des délais records et résoudre en quelques jours des difficultés qu'ils surmontent habituellement en plusieurs mois. De l'autre, les gouvernements doivent mettre en place une chaîne logistique inédite en temps de paix afin d'organiser l'acheminement aux populations. Dans les deux cas, les défis sont immenses et une multitude de choix cornéliens émaillent le parcours du précieux vaccin.

Pour compliquer encore plus les choses, de formidables batailles commerciales, juridiques et diplomatiques viennent ajouter une couche d'incertitude et de tensions. En schématisant un peu les choses, l'on peut les résumer ainsi : les pays riches ont financé une partie de la recherche et s'attendent à être achalandés en priorité, les pays pauvres et émergents - à l'instar de l'Afrique du Sud- sont prêts à payer plus cher le précieux vaccin pour compenser leur incapacité à mobiliser des fonds m

Lire la suite

Voir la suite...

Les dernières actualités