Le SAVM met fin au contrat avec Bolloré pour Autolib'

Le Syndicat Autolib' Vélib' Métropole (SAVM) a voté hier soir la résiliation du contrat avec le groupe Bolloré. Ce vote implique l'arrêt imminent du service de voitures électriques en libre accès à Paris et en banlieue.
Publié le 22-06-2018 par Guilhem Baier
Résiliation
Réunis sous la présidence de Catherine Baratti-Elbaz, les élus d'une centaine de communes franciliennes adhérentes au Syndicat Autolib' Vélib' Métropole (SAVM) ont voté hier, en fin d'après-midi, la résiliation du contrat qui liait le SAVM au groupe Bolloré. Ce contrat prendra donc fin, purement et simplement, et le service Autolib' ne sera « ni repris en régie par le syndicat, ni confié par convention de délégation de service public à un autre délégataire », indique la décision du SAVM.
Cette décision a été prise en réaction à ce que le SAVM, ou plutôt la mairie de Paris et Anne Hidalgo, considèrent comme un ultimatum de la part du groupe Bolloré. Ce dernier demandait en effet à Paris et aux communes adhérentes de prendre en charge 233 millions d'euros d'un déficit structurel de 293 millions sur toute la durée du contrat, qui a commencé en 2011 et devait s'achever en 2023 ; faute de quoi, le service devrait s'interrompre. Le SAVM a donc choisi de « refuser de procéder au versement de la compensation financière demandée par le délégataire ».
Pour Catherine Baratti-Elbaz, le coût de la résiliation est estimé à moins de 100 millions d'euros, un coût qui porte essentiellement sur le rachat des bornes de rechargement installées par Bolloré dans les stations Autolib'. Le syndicat et la mairie de Paris ont également déclaré qu'ils allaient désormais travailler à la mise en place de nouveaux services d'autopartage, notamment des offres en « free floating » émanant d'acteurs privés.
Une nouvelle erreur du SAVM
Lancé en 2011, Autolib' compte actuellement 150 000 abonnés actifs, ce qui est insuffisant pour en assurer la rentabilité. Le service pèche aussi par l'état et la propreté des véhicules, qui ont souvent été pointés du doigt par les utilisateurs et le SAVM. Mais le service fonctionnait, et avait un mérite inégalé : celui de proposer une solution de mobilité écologique, pratique, fiable, qui garantissait en outre au conducteur une place de stationnement, avantage formidable à Paris. Comment ces utilisateurs vont-ils désormais se déplacer ? Certainement pas en Vélib', puisque le choix hasardeux de Smoovengo par le SAVM a purement et simplement mis un coup de frein à l'utilisation du service de vélos partagés, faute de vélos et de stations disponibles.
La résiliation du contrat avec Bolloré et Autolib' est une erreur majeure du SAVM et de la maire de Paris Anne Hidalgo. Une erreur qui, par ailleurs, atteste de l'opacité des prises de décision au sein du SAVM. En effet, nombre de témoignages d'élus franciliens recueillis par les médias à l'issue du vote montrent que la direction du SAVM n'avait pas transmis aux élus les nouvelles propositions de Bolloré. Ainsi, Arnaud Gibert, adjoint au maire de Bezons, a déclaré : « si nous avons le sentiment de voter avec le couteau de Bolloré sur la gorge, j'ai aussi le sentiment de voter avec le revolver de madame Hidalgo sur la tempe ».
Bolloré attaque en justice
Le groupe va donc se pourvoir en justice, comme l'ont indiqué Gilles Alix, président d'Autolib' SAS, et Marie Bolloré : « on va continuer à se battre, n'écoutez surtout pas les balivernes du syndicat, sachez que nous irons au tribunal administratif et que nous obtiendrons beaucoup d'argent, je pense que c'est comme ça que ça va se terminer », a ainsi déclaré Gilles Alix.
Ainsi meurt Autolib', un service dont le Grand Paris pouvait s'enorgueillir. Une mort qui va laisser 254 salariés sur le carreau, 150 000 utilisateurs réguliers sans solution de transport, et des contribuables franciliens avec une lourde facture à payer.
Interviewée par nos confrères du journal Le Monde, Marie Bolloré a en effet détaillé l'addition que vont payer les contribuables franciliens : « La facture sera supérieure à 233 millions. C'est mathématique. Le syndicat devrait payer au bas mot 150 millions d'euros, soit le montant du déficit en 2017. À cette somme s'ajoute le manque à gagner du fait de la rupture du contrat : il pourrait être de 60 millions d'euros minimum. Il faut aussi additionner 16 millions au titre de l'amortissement que nous n'allons pas pouvoir réaliser sur les bornes et quelques dizaines de millions pour dédommager nos filiales. Au total, il en coûtera entre 250 et 300 millions d'euros aux communes ».
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