Le rapprochement entre Orange et Bouygues Telecom officialisé

Le rapprochement entre Orange et Bouygues Telecom officialisé

Ce n'est désormais plus une rumeur. Les deux opérateurs téléphoniques ont reconnu être officiellement entrés en négociations en vue du rachat de Bouygues Telecom par le leader du secteur.

Publié le 06-01-2016 par Laurent Baquista

C'est officiel

 

La nouvelle annoncée par Bloomberg il y a quelques semaines et immédiatement démentie ne cessait de bruire jusqu'à devenir hier soir une certitude. Orange et Bouygues ont en effet confirmé hier soir, mardi 5 janvier, qu'ils étaient entrés l'un et l'autre en négociations exclusives dans le but de procéder à un rapprochement entre Bouygues Telecom et l'opérateur historique.

C'est Bouygues qui a tiré le premier, dans un communiqué de presse : « Intéressé par tout schéma qui lui permettrait de conforter son ancrage durable dans les télécoms, Bouygues annonce que des discussions préliminaires ont été engagées avec Orange pour explorer toute éventuelle opportunité. A cet effet, un accord de confidentialité a été signé ce jour par Bouygues et Orange ».

Peu de temps après, Orange tentait de calmer le jeu afin d'éviter un emballement des marchés, puisque la Bourse de Paris n'avait pas encore fermé : « Le groupe explore les opportunités du paysage français des télécoms, tout en rappelant que ses investissements et ses positions lui permettent une totale indépendance. Orange n'agira que dans le seul intérêt de ses actionnaires, de ses salariés et de ses clients et sera particulièrement attentif à la création de valeurs d'un tel projet », précisait le leader français des télécommunications. Mais même avec un bémol, l'officialisation des négociations atteste que la consolidation du marché français des télécoms est en marche.

 

 

 

Bouleversement du secteur

 

Les conséquences de cette perspective de consolidation commencent déjà à agiter les parties prenantes du dossier. Au premier rang, les associations de consommateurs, qui craignent bien entendu qu'un retour à trois opérateurs n'engendre automatiquement une hausse des tarifs des abonnements et des forfaits, en particulier dans le domaine de la téléphonie mobile.

Le gouvernement aussi semble en alerte. Interrogée au micro d'Europe1, la Secrétaire d'Etat au Numérique, Axelle Lemaire, a fait part des « points de vigilance » du gouvernement. Si, selon Axelle Lemaire, le gouvernement n'est pas dans une posture dogmatique sur le nombre d'opérateurs, il pense également qu'une hausse des tarifs est inévitable, ne serait-ce que pour financer les investissements dans la couverture 4G du territoire national, mais souhaite que celle-ci soit modérée.

Par ailleurs, Axelle Lemaire a également souligné que l'ARCEP aurait son mot à dire, et surtout l'Autorité de la Concurrence. Cette dernière, en effet, va contraindre Orange et le champion français du BTP à céder certains actifs, et donc à inviter Numericable-SFR et Free à prendre part aux négociations. Ce sera là l'ultime obstacle à franchir, mais pas le moindre.

 

 

Le montage de l'opération

 

Toutefois, d'autres points critiques devront être abordés en amont. Le premier sera directement lié au montage financier de l'opération. Comme la rumeur le colportait, l'opération se ferait par échanges d'actions, et non en numéraire. Le groupe de BTP se retrouverait donc dépositaire d'environ 15% du capital de l'ensemble, ce qui le placerait en seconde position parmi les actionnaires de référence, derrière un Etat dont la participation tomberait mécaniquement à 19% environ. L'accord de l'Etat est donc le premier cap à passer. 

Ensuite, Bouygues serait en droit de réclamer deux sièges au Conseil d'Administration de l'opérateur, dont un serait occupé par Martin Bouygues, vraisemblablement. Ce sera sans doute le second obstacle à surmonter. Mais aucun de ces deux obstacles ne semble insurmontable, de sorte que l'opération devrait progresser relativement vite, afin d'arriver le plus rapidement possible à sa période critique, celle de la mise en conformité de l'accord par rapport aux exigences des autorités régulatrices.

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