Le patron d'Ubisoft se rebelle contre Vincent Bolloré

Le patron d'Ubisoft se rebelle contre Vincent Bolloré

Yves Guillemot, le patron d'Ubisoft, critique l'attitude de Vincent Bolloré et entend bien se défendre contre cette annexion rampante.

Publié le 29-10-2015 par Laurent Baquista

Des méthodes d'un autre temps

 

Dans un entretien accordé au quotidien Les Echos, Yves Guillemot, le cofondateur de l'éditeur de jeux vidéos à succès comme Assassin's Creed, ne cache pas sa colère et son ressentiment vis-à-vis de la prise progressive de pouvoir de Vivendi dans son groupe. « Nous avons le sentiment d'avoir vécu une agression », a-t-il avoué à nos confrères du quotidien économique, relatant même que Vincent Bolloré, patron breton comme lui, l'avait appelé deux heures avant l'annonce de la première entrée au capital d'Ubisoft et de Gameloft, sans même aborder avec lui ce sujet.

Yves Guillemot considère que Vincent Bolloré a agi avec « des méthodes d'un autre temps », ou « d'activiste » financier : « On n'entre pas dans une société en cassant la porte ! » a-t-il même ajouté. En effet, la semaine dernière, Vivendi a procédé à des vagues d'acquisitions successives sur les marchés d'actions Ubisoft et Gameloft, portant ses participations respectives à 10,39% dans le capital d'Ubisoft et 10,20% dans celui de Gameloft. À la fin de la journée d'hier, le groupe de médias et de divertissement a même annoncé qu'il avait encore augmenté sa participation dans Gameloft, pour la porter à 11,37%. Ces raids boursiers le mettent en position d'actionnaire principal des deux éditeurs, devant les actionnaires historiques que sont les frères Guillemot.

 

 

Trouver le moyen de contrer Vivendi

 

Le patron d'Ubisoft estime même que Vivendi est désormais entré dans un conflit d'intérêts, dans la mesure où, même si le groupe s'est il y a quelques années massivement désengagé de l'éditeur américain, il détient encore 6% du capital d'Activision Blizzard, le géant du secteur. Yves Guillemot tient à son indépendance, qui lui paraît indispensable dans l'univers du jeu vidéo : « Dans le jeu vidéo, je ne connais pas une seule société qui fonctionne à l'intérieur d'un groupe de ce genre », poursuit-il.

Afin de conserver cette indépendance, Yves Guillemot avoue étudier toutes les possibilités qui peuvent s'offrir à lui, y compris celle de rechercher d'autres partenaires financiers pour contrer Vivendi. Il va donc très certainement chercher à mettre en place et à boucler un nouveau tour de table, afin de mettre Vivendi dans une position minoritaire chez Ubisoft, et renforcer son propre pouvoir dans la structure. Mais aura-t-il les moyens de lutter contre un groupe assis sur un trésor de guerre de plus d'une quinzaine de milliards d'euros ? Rien n'est moins sûr.

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