Le gouvernement nationalise STX France

Le gouvernement nationalise STX France

Le gouvernement crée la surprise en décidant de la nationalisation de STX France. Une manoeuvre destinée à reprendre la main sur un dossier hautement stratégique.

Publié le 28-07-2017 par Bertrand Dampierre

Nationalisation surprise

 

Hier jeudi, Bruno Le Maire, ministre de l'Économie du gouvernement d'Édouard Philippe, a créé la surprise en annonçant la nationalisation temporaire de STX France, le fleuron de la construction navale française dont l'Italien Fincantieri vient de devenir l'actionnaire majoritaire. Bruno Le Maire a en effet déclaré lors d'une conférence de presse : « je vous annonce que nous avons pris la décision d'exercer le droit de préemption de l'État sur STX ». Le but de cette opération inédite, et de prime abord si étrangère à un gouvernement composé de transfuges de la droite et de sociaux-libéraux, consiste, selon Bruno Le Maire, à « défendre les intérêts stratégiques de la France en matière de construction navale ».

En effet, le passage de STX France sous le contrôle de son concurrent italien Fincatieri pose deux problèmes majeurs. Tout d'abord, il fait peser des incertitudes sur le maintien de l'emploi dans les chantiers de Saint-Nazaire. Ensuite, il pose des problèmes relatifs aux partenariats avec DCNS dans le domaine militaire, STX France étant, par exemple, le seul chantier naval français apte à construire de très grandes coques, comme celles d'un second porte-avions.


Exigence de garanties

 

L'État avait jusqu'à aujourd'hui vendredi pour faire valoir son droit de préemption sur STX France, grâce aux 33 % qu'il détient dans le capital des chantiers nazairiens. En l'exerçant, il compte se « donner le temps de négocier dans les meilleures conditions possibles la participation de Fincantieri ». Depuis la mise en vente de STX France par son propriétaire coréen aux abois et le rachat par Fincantieri, les gouvernements successifs n'ont de cesse de rechercher un équilibre actionnarial et des garanties que le groupe italien leur refuse, se retranchant derrière les termes de l'accord initial signé avec le groupe coréen STX.

Cette nationalisation, qui met Rome et le groupe italien en colère, aura au moins le mérite de contraindre Fincantieri à revenir sur ses positions trop tranchées et à clarifier les implications de l'accord qu'il vient de nouer avec un groupe chinois du secteur de la construction navale. À ce propos, Bruno Le Maire a fait part des exigences de la France : « nous voulons avoir toutes les garanties, je dis bien toutes, que ces savoir-faire ne partiront pas un jour dans une autre grande puissance économique mondiale non européenne », a-t-il déclaré.

Les dernières actualités