Un entrepreneur avisé

C'est la fin d'une histoire rocambolesque débutée en 1993 lorsque Gilbert Szajner, entrepreneur du Val de Marne décide de déposer la marque Laguiole puis autorise des fabricants français et étrangers à utiliser cette licence en lui payant une redevance. Un coup de maître pour l'entrepreneur qui a ainsi récolté pendant des années le fruit de la vente d' objets très variés, des barbecues, des vêtements, de l'engrais, sans rien devoir au village de Laguiole. Gilbert Szajner avait même été jusqu'à interdire à des commerçants de la commune d'utiliser le nom de Laguiole sur leurs enseignes.

Vingt marques Laguiole annulées

La commune de Laguiole avait une première fois porté l'affaire devant le tribunal de grande instance de Paris en 2010. Le tribunal l'avait alors débouté, confirmant ce jugement en appel en 2014. Une décision en partie cassé par la Cour de Cassation deux ans plus tard. Il aura pourtant fallu attendre 2019 pour que les juges de la cour d'appel dénoncent « une stratégie visant à priver la commune et ses administrés de l'usage du nom Laguiole », évoquant même une « fraude » et annulant dans la foulée vingt marques Laguiole. La juridiction a donné raison au village aveyronnais, estimant que le risque « d'induire en erreur le consommateur » était bien réel. Le maire du village, Vincent Alazard, s'est réjoui de cette décision : « On va retrouver la possibilité d'utiliser notre nom, ce qui nous avait été retiré ! » Gilbert Szajner, son fils et leur société ont de leur côté été condamnés à verser 50.000 euros au village et chacun 20.000 euros pour les frais de justice. Ils n'ont pour le moment pas fait appel de la décision.