La recapitalisation d'Areva reportée

La recapitalisation d'Areva reportée

Les modalités et surtout le montant de la recapitalisation d'Areva par son actionnaire principal, l'Etat français, ne seront finalement connues qu'au début de l'année 2016.

Publié le 09-12-2015 par Guilhem Baier

Report de la décision gouvernementale

 

Emmanuel Macron a confirmé hier soir ce que l'évolution des discussions entre Areva et EDF laissait envisager. Le gouvernement ne sera pas en mesure de préciser avant la fin de l'année quelles seront les modalités et le montant de la recapitalisation d'Areva. Il faudra pour cela attendre le début de l'année 2016.

Ce retard n'est nullement dû à l'Etat lui-même, qui aurait préféré pouvoir clore ce dossier avant la trêve des confiseurs. Il incombe aux protagonistes eux-mêmes, Areva et EDF, dont les discussions, parfois tendues comme l'ont toujours été les relations pourtant fréquentes entre le géant du nucléaire et l'énergéticien français, n'ont pas encore abouti.

 

 

 

Des difficultés à s'entendre

 

Tout d'abord, la question des modalités et du prix du rachat par EDF des activités de conception et de fabrication des réacteurs nucléaires et de leurs éléments, rassemblées dans Areva NP, n'est toujours pas traitée. EDF devrait présenter avant la fin du mois une offre ferme, pour acquérir au moins 51% du capital d'Areva NP. Areva conserverait 15% de l'activité, le reste étant proposé à des acteurs internationaux du nucléaire. Des Chinois, CNNC, et des Japonais, MHI, se sont déjà montrés intéressés, et l'Américain Westinghouse s'est lui aussi invité hier soir au bal des prétendants. Mais c'est pour l'instant surtout la valorisation d'Areva NP qui tient lieu de sujet de discorde. Celle-ci est provisoirement estimée à 2,7 milliards d'euros, ce qu'EDF trouve malgré tout un peu trop élevé, et Areva pas assez.

 

 

L'épineuse question des EPR

 

Les autres sujets de discordes sont encore plus épineux. Ils portent en effet sur les retards conséquents des chantiers de construction de deux réacteurs EPR pilotés par Areva. Celui d'Olkiluoto, en Finlande, qui est devenu à cause de retards répétés un tel gouffre financier qu'il peut être considéré comme une catastrophe industrielle. Et celui de Flamanville, réalisé pour EDF, où, là aussi, les retards s'accumulent et ont entraîné déjà plusieurs reports de mise en service du réacteur. Initialement prévue pour 2012, celle-ci a été reportée à la fin de l'année 2018. 

En outre, le sujet le plus sensible est de savoir qui doit supporter les conséquences financières de ces retards imputables à Areva, et, sur ce point, les dissensions sont nombreuses, et fortes. Une seule chose demeure donc certaine, comme l'a concédé Emmanuel Macron : la restructuration de la filière nucléaire française « prendra de toute façon du temps ».

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