L'intérêt général n'est pas l'intérêt national : pour en finir avec le souverainisme

drapeau

OPINION. Le manque de masques, de gel hydroalcoolique ou encore de respirateurs artificiels pour faire face à la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 a montré la dépendance de la France à l'égard d'autres pays. Certains mettent en cause la mondialisation ou encore l'Union européenne, et plaident en faveur d'un renforcement du souverainisme. Outre le flou de la notion, est-ce bien la solution? Par Thierry Aimar, maître de conférences en sciences économiques à l'université de Lorraine, et enseignant de neuroéconomie à Sciences Po.

Publié le 14-07-2020 par Thierry Aimar

Le souverainisme occupe de plus en plus de place dans le champ médiatique. Il n'en reste pas moins un écran de fumée qui cache une triste réalité. Sous le couvert idéologique de l'intérêt national, il n'exprime que l'intérêt d'employés et de producteurs dotés de trop faibles avantages comparatifs pour maintenir leur revenu dans l'échange international. Refusant de voir s'abaisser leurs rémunérations au niveau correspondant à leur véritable création de valeur, ils cherchent à se créer des rentes en empêchant leurs concurrents étrangers d'offrir leurs services en capital, travail ou marchandises sur le marché domestique. A cause de ces barrières à l'entrée, leurs concitoyens se voient obligés de consommer des biens plus chers en les achetant à des producteurs nationaux moins efficaces.

On évoque souvent l'idée que ces consommateurs sont eux-mêmes des employés nationaux et qu'ils devraient logiquement s'opposer à une mondialisation qui nivelle leurs salaires. Mais si la concurrence internationale est réduite à cause des restrictions douanières, moins de biens seront présents sur le marché domestique et leur prix sera plus élevé (ce qu'admettent d'ailleurs eux-mêmes les souverainistes). Les salaires réels des travailleurs nationaux, c'est-à-dire leur pouvoir d'achat, diminuera alors. Où sera alors le bénéfice des employés? Non seulement la création de richesse sera globalement plus faible, mais une partie de la contribution des employés à sa formation ira dans les poches de produ

Lire la suite

Voir la suite...

Les dernières actualités