Iran: « L'ennemi est ici, mais on nous dit que c'est l'Amérique »

Iran

OPINION. Cette phrase est un slogan, issu des manifestations de rue. Au moment où une contestation nationale est de nouveau apparue, il est intéressant d'écouter ce que dit la rue iranienne. Comment un pays aussi riche en est-il arrivé là ? Quels sont les choix économiques qui ont conduit la société iranienne vers la pauvreté. Par Gérard Vespierre (*) chercher associé à la FEMO, Fondation d'Etudes pour le Moyen-Orient, président de Strategic Conseils.

Publié le 14-02-2020 par Gérard Vespierre

L'Iran vient de connaître, à nouveau, de très tristes heures. Après les manifestations de 2017, et 2018, maintenant 2019. Les manifestations des années précédentes avaient pour cause la désastreuse gestion des précieuses ressources en eau du pays, et le tout aussi désastreux état des finances et de l'économie. Les conséquences ont eu pour noms : baisse des rendements agricoles et forte dégradation du niveau de vie.

Le pouvoir, dans ses efforts de se dédouaner de ses responsabilités, s'est alors engagé dans une rhétorique présentant les émeutes urbaines comme étant inspirées de l'étranger, et les difficultés économiques comme étant le fait des sanctions pétrolières américaines. Ce genre d'argumentation, rejetant les causes vers l'extérieur, sont hélas de tristes recettes politiques bien connues, qui ne trompent personne sauf leurs auteurs.

Corruption généralisée

Les causes réelles sont nombreuses et s'appellent : mauvais choix stratégiques de l'Etat et corruption généralisée. Le peuple le sait. Ce slogan, issu du peuple et des manifestations de rue, traduit ce que le peuple iranien ressent profondément : « Ne nous dites pas que les Etats-Unis sont responsables, nous, peuple iranien, nous savons bien que ce sont vous, dirigeants, qui êtes les vrais responsables de cette situation. »

Mais comment, après 40 ans de pouvoir, la République islamique en est-elle arrivée là? Parce que ses priorités n'ont jamais été le bien-être et le niveau de vie des Iraniens. Elles sont ailleurs. Le

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