Incertitudes sur les projets de Total en Iran

Incertitudes sur les projets de Total en Iran

Le retrait des États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien va engendrer le rétablissement des sanctions américaines, ce qui contrarie les projets de Total en Iran.

Publié le 09-05-2018 par Guilhem Baier

Menaces sur un projet majeur

 

Depuis la signature de l'accord sur le nucléaire iranien, les entreprises françaises ont repris le chemin de Téhéran et de nombreux projets ont ainsi vu le jour. Total SA fait partie de ces entreprises, avec un projet colossal, qui implique plusieurs milliards de dollars d'investissement, dans l'exploitation du plus grand gisement de gaz naturel au monde.

Or le retrait des États-Unis de l'accord et le prochain rétablissement des sanctions envers les entreprises ayant des activités aux États-Unis et des relations économiques avec l'Iran laissent planer une menace sur ce projet majeur. D'autant plus que le Trésor américain a spécifié que ces sanctions toucheraient plus particulièrement le secteur pétrolier iranien ainsi que les transactions avec la banque centrale iranienne qui seront effectuées en dollars.

Si l'on rajoute à ce tableau, déjà inquiétant, le fait que le géant pétrolier français, qui satisfait déjà deux de ces conditions pour être sanctionné, est particulièrement présent aux États-Unis et a investi des milliards de dollars dans une raffinerie située à Port-Arthur, au Texas, on comprend combien cette décision de Donald Trump est susceptible d'affecter Total.


Obtenir une dérogation

 

Une solution semble pour l'instant accessible à Total : obtenir une dérogation afin de ne pas être sanctionné. D'ailleurs, dès le 19 avril dernier, le président-directeur général de Total, Patrick Pouyanné, avait évoqué cette éventualité : « si les sanctions sont de retour, nous devrons faire une demande de dérogation », avait-il déclaré.

Par le passé, une dérogation avait déjà été accordée à Total. En effet, dans les années 1990, alors que l'Iran était déjà sous le coup d'un embargo américain, Total avait pu alléguer que ses investissements sur les tranches 2 et 3 du gisement de South Pars avaient été décidés avant l'entrée en vigueur des sanctions américaines.

Total pourrait également utiliser les mêmes motifs, parfaitement fondés, pour obtenir à nouveau une dérogation sur la tranche 11 du projet South Pars, dont il est l'actionnaire majoritaire, avec 50,1 % détenus. À cette fin, Patrick Pouyanné est en relation étroite avec le gouvernement et a entamé un tour des capitales européennes pour plaider sa cause.

Si la dérogation était refusée, Total serait contraint de céder sa participation au groupe chinois CNPC, qui en détient déjà 30 %.

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