Un nouvel entrant sème le trouble

Durant le week-end de la Toussaint et aujourd'hui même, l'opérateur téléphonique italien Telecom Italia n'a cessé d'attirer les commentaires et les spéculations, des deux côtés des Alpes. En effet, contre toute attente et en rupture avec ses orientations stratégiques habituelles, le groupe français de médias et de divertissements avait renforcé sa participation dans le capital de l'opérateur transalpin, montant jusqu'à 20% et s'arrogeant ainsi la place convoitée de premier actionnaire du groupe. Mais, durant le week-end, Xavier Niel, le patron d'Iliad, a fait savoir qu'il venait d'acquérir 15% des titres de l'opérateur téléphonique historique de la Péninsule. Cette annonce a suscité de nombreuses réactions, et beaucoup d'interrogations.

Le gouvernement italien a été le plus prompt à réagir, en avertissant les deux investisseurs français qu'il ne comptait nullement laisser son opérateur national aux mains d'une entente entre deux actionnaires français. Pour le gouvernement de Mateo Renzi, il est indispensable que l'actionnariat de son fleuron des télécommunications « réponde à des critères de renforcement industriel d'une société, comme Telecom Italia, stratégique pour le développement du système de télécommunications italien ».

La guerre entre Niel et Bolloré est-elle déclarée?

Mais, dans une interview accordée au quotidien il Corriere della Sera, Arnaud de Puyfontaine a démenti toute entente : « Je confirme le plus assurément que Vivendi n'a pas agi de concert avec Niel », s'est exclamé le Directeur général de Vivendi. Cette dénégation sera confirmée dans l'édition de ce lundi soir du Corriere della Sera, où le Président de Telecom Italia, Giuseppe Recchi, expliquera avoir rencontré Xavier Niel ce samedi, et confirmera que ce dernier n'agit pas en accord avec Vincent Bolloré. Selon le patron italien, Xavier Niel est un apporteur d'idées « très compétent », et sa démarche d'investisseur avec Iliad est « amicale ». Il semblerait donc que l'on assiste à une compétition entre Vivendi et Iliad pour contrôler Telecom Italia.

Cette hypothèse a été confirmée ce matin par le quotidien milanais Il Sole 24 Ore, qui affirme que Xavier Niel s'apprêterait à demander convocation d'une Assemblée Générale Extraordinaire pour réclamer un siège au Conseil d'Administration. Selon deux autres quotidiens romains, Il Messaggero et La Reppublica, Xavier Niel devrait rencontrer demain le patron de l'autorité transalpine de régulation des télécoms, ainsi que les patrons de la Caisse des Dépôts italienne. De grandes manoeuvres se prépareraient donc du côté de Xavier Niel. Face à cette menace nouvelle, Vincent Bolloré ne désarme pas, puisque Vivendi a indiqué ce matin son intention de poursuivre son renforcement dans Telecom Italia, et d'aller jusqu'au seuil de 25%, au-delà duquel il est nécessaire de passer par une procédure d'OPA.