Hinckley Point : EDF face à son destin

Hinckley Point : EDF face à son destin

Le gouvernement britannique vient de donner son accord sous conditions au projet de construction des deux réacteurs EPR sur le site d'Hinckley Point. Ce chantier s'annonce décisif pour EDF.

Publié le 15-09-2016 par Guilhem Baier

Accord du gouvernement britannique

 

Theresa May et son gouvernement n'ont finalement pas tergiversé longtemps. Quelques semaines seulement après avoir affirmé son besoin de réexaminer le dossier du chantier de construction par EDF de deux nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR sur le site d'Hinckley Point, les autorités politiques britanniques ont ce matin donné leur aval, non sans émettre toutefois quelques conditions.

Si ces dernières ne sont pas de nature à modifier les grandes lignes du projet, elles se révèlent cependant très contraignantes pour l'énergéticien français, mais ne vont pas à l'encontre des intentions de ce dernier. En effet, le gouvernement britannique exige qu'EDF reste l'actionnaire principal du projet jusqu'à la fin du chantier, et pourra exercer un blocage si EDF voulait céder sa participation de contrôle à un tiers. Côté britannique, cela revient à s'assurer que le partenaire chinois d'EDF, CGN, ne pourra en aucun cas prendre le contrôle du projet.

 

  

Un grand saut dans l'inconnu

 

Pour Électricité de France, cet accord est le signal d'un grand saut dans l'inconnu. En effet, le chantier, dont le faramineux montant est estimé à 23 milliards d'euros, va nécessiter de la part d'EDF des efforts d'investissements que le groupe, qui doit déjà faire face à la rénovation de son parc de centrales nucléaires en France et à la finalisation du coûteux chantier de Flamanville, ainsi qu'au rachat des activités de construction de réacteurs d'Areva NP, n'est peut-être pas en mesure de supporter.

Pour relancer son activité et celle de l'ensemble de la filière nucléaire française, EDF prend donc un risque qui pourrait lui être fatal. Beaucoup, y compris en haut lieu, le ressentent ainsi. Voici quelques mois, le directeur financier d'EDF avait donné sa démission pour cause d'opposition au projet. Lors du vote du conseil d'administration, l'engagement d'EDF dans le projet Hinckley Point n'avait été approuvé que par 10 voix contre 7, et les syndicats ont sollicité la justice pour faire annuler cette décision. On comprend donc combien elle est cruciale pour le producteur d'électricité. Avec Hinckley Point, EDF se retrouve face à son destin. Soit l'entreprise se relance, soit elle meurt d'avoir vu trop grand.

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