Duel au sommet

Le directeur général de Sanofi est au coeur d'une tourmente où les comptes se règlent à coup de rumeurs et par voie de presse. Des dissensions existent en effet entre le président non-exécutif de Sanofi, Serge Weinberg, et Chris Viehbacher, son directeur général. Elles durent depuis que les deux hommes occupent tous les deux leurs postes respectifs.

Serge Weinberg avait été nommé à la tête du conseil d'administration du laboratoire pharmaceutique avec pour mission de marquer à la culotte le bouillonnant DG, dont on craignait qu'il ne procède à de violentes restructurations en France, et ne coupe le groupe de sa base française. Malgré tout, les restructurations ont eu lieu, notamment dans la R&D de Sanofi, et, le groupe ne réalisant plus que 8% de son chiffre d'affaires en France, il n'a plus grand' chose d'un champion français et tout d'une firme transnationale, que Chris Viehbacher dirige d'une main de fer depuis Boston.

Un management autocratique ?

Il semblerait que Serge Weinberg et le conseil reprochent avant tout à celui que l'on surnomme en interne le « smiling killer » un management trop autoritaire, et même autocratique. Ses méthodes le conduisent souvent à prendre des décisions qui impactent la vie de l'entreprise sans en référer au conseil, voire en le tenant à l'écart. Le changement vers un modèle d'innovation ouverte, s'est traduit par des coupes franches dans la recherche, d'innombrables partenariats de coopération, et, surtout, par le projet de cession d'actifs liés à des médicaments parvenus à maturité. En effet, le directeur général aurait lancé cet été un inventaire complet des produits commercialisés par Sanofi, dans le but de se défaire des plus anciens, pour la somme de 5,5 milliards d'euros. Tout cela, bien sûr, sans en informer son conseil d'administration.
La querelle a pris ces derniers jours encore plus d'ampleur, contraignant le CA à publier un communiqué de presse pour démentir les bruits disant qu'il cherchait à Chris Viehbacher un successeur.