François Hollande : « La réforme des grandes régions s'est installée, mais il faut aller plus loin dans la décentralisation »

François Hollande

Dans un entretien accordé à La Tribune, l'ancien président de la République réaffirme le rôle essentiel des territoires dans une France meurtrie par la crise sanitaire. A un mois du premier tour des élections régionales des 20 et 27 juin, François Hollande rappelle le rôle majeur des régions, passées de 22 à 13 depuis sa réforme de la décentralisation de 2014. Il s'inquiète d'une possible victoire du RN notamment dans le Sud. Enfin, il se prononce en faveur d'une date commune pour toutes les élections locales à l'avenir, pour renforcer le lien entre le citoyen et ses territoires de proximité. Sur un plan plus politique, l'ancien président voit dans la Biden-mania actuelle une opportunité à saisir pour les sociaux-démocrates français dans la perspective de la Présidentielle de 2022, à condition qu'ils parviennent à "l'incarner".

Publié le 17-05-2021 par Propos recueillis par Robert Jules et Philippe Mabille

LA TRIBUNE - Les élections régionales de juin 2021 seront les deuxièmes depuis la réforme institutionnelle que vous avez décidé en 2014 sous votre quinquennat ? Cela signifie-t-il à vos yeux que cette réorganisation en treize grandes régions est désormais installée dans le millefeuille territorial français ? Pouvez-vous nous en rappeler les enjeux ?

FRANCOIS HOLLANDE - Les objectifs en matière de réforme territoriale étaient de doter les collectivités d'une capacité d'action plus forte. Cela valait pour les intercommunalités, y compris rurales, pour qu'elles aient la taille nécessaire pour porter des projets d'investissements. Cela valait aussi pour les métropoles pour que les grandes villes françaises aient la taille et les moyens pour pouvoir rivaliser avec leurs concurrentes européennes, et apporter une solidarité entre urbain et semi-rural. Cela valait encore davantage pour les régions, au nombre de 22, sans compter celles d'outre-mer. Elles étaient de tailles différentes, avec par exemple 12 millions d'habitants en Ile-de-France contre 800.000 habitants en Limousin. Surtout, elles ne disposaient pas d'une visibilité aux yeux des Français, sans pour autant assurer une fonction de proximité.

Quant aux départements, beaucoup suggéraient de les supprimer, d'autres de les fusionner là où il y avait des métropoles, et certains, parfois les mêmes, demandaient leur maintien car ils représentaient un cadre pour l'action de l'Etat et un facteur de proximité. J'ai donc maintenu les

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