Vacance du pouvoir

Après avoir dirigé de main de maître EDF, Henri Proglio, jugé  trop nucléariste pour prendre part à la politique de transition énergétique du gouvernement, n'avait pas été reconduit dans ses fonctions. C'est Jean-Bernard Levy, le PDG de Thales, qui l'avait remplacé, à la surprise générale.

Depuis le départ de Jean-Bernard Levy en novembre, Thales demeurait dans une position insensée pour un groupe de cette envergure : la vacance pure et simple du pouvoir. A l'instar des personnages de la pièce de Samuel Beckett, les salariés du groupe attendaient leur nouveau président comme on attend Godot, avec le même sens de l'absurdité de la situation.

Guerre entre Dassault et l'Etat

Le côté absurde venait de la guerre de tranchées que se menaient les deux actionnaires principaux de l'entreprise, l'Etat, détenteur de 26% du capital, et Dassault, qui en possède 25%. Chacun avait son poulain, et personne ne voulait céder. Pour l'Etat, Patrice Caine était le favori incontestable. Chez Dassault, on ne jurait que par Pierre-Eric Pommelet. Que chacun ait son favori n'est pas en soi problématique, mais peut le devenir plus encore lorsque les deux candidats soutenus par les parties adverses s'avèrent être le directeur général du groupe, et le directeur adjoint. Ainsi, à la vacance inquiétante du pouvoir, s'ajoutaient des rivalités intestines au sein de la direction encore en place.

Henri Proglio, un président de compromis

Le choix d'Henri Proglio fait donc figure de compromis. Du côté de Dassault, on estime que l'arrivée d'une personnalité de premier plan et très médiatisée comme Henri Proglio devrait profiter à Thales. En outre, le très chiraquien Henri Proglio est plus compatible avec la famille Dassault qu'un candidat plus marqué « à gauche ». Plus encore, Proglio est même un proche de Dassault, qui siège au conseil d'administration de l'avionneur, et conseille souvent la famille.

De son côté, l'Etat reconnaît les talents de l'ancien Président d'EDF. En outre, et il ne sera que Président non exécutif, et assisté de Patrice Caine, qui devient directeur général exécutif.