Du champ à l'armoire, le lin français retisse sa toile

Lin filature Natup

Championne du monde de la culture du lin, la France l'exporte en quasi-totalité à l'état de fibres brutes vers l'Asie où il est transformé. Mais sous l'impulsion de quelques entrepreneurs passionnés, une petite partie ne file plus se faire filer en Chine ou en Inde. Illustration en Normandie où la coopérative Natup réanime un savoir-faire disparu.

Publié le 22-09-2022 par Nathalie Jourdan

« Ces deux chaussettes, c'est ce pourquoi nous nous levons le matin ». Sur la scène, Karim Behlouli, président de Natup Fibres, brandit fièrement la première des paires que le fabricant Labonal a tricoté avec le fil de lin sorti de ses machines. Ce lundi (19 septembre) est un jour de fête dans la riante commune de Saint-Martin-du-Tilleul dans l'Eure. En présence d'un bon millier d'invités, la branche « fibres » de la coopérative agro-industrielle Natup (7.000 adhérents) coupe le ruban de sa nouvelle usine baptisée la French Filature. Savamment mis en scène, le moment a quelque chose de solennel pour l'auditoire. Et pour cause. Voilà longtemps que la Normandie, qui fournit pourtant 40% du lin mondial grâce à son climat vivifiant, n'avait pas vu une installation comme celle-ci.

La coopérative, aidée à hauteur du quart par la Région et l'Etat dans le cadre du plan « France 2030 », a dépensé près de 4,5 millions d'euros pour acquérir en Chine, en Italie et en Allemagne les 18 fileuses de dernière génération qui moulinent depuis mars dernier sous la surveillance d'une petite trentaine de salariés. A pleine capacité, elles seront capables de produire annuellement 250 tonnes de  bobines de fil fin. Soit l'équivalent de 250 hectares cultivés. Une goutte d'eau en comparaison des 85.000 hectares de lin* mis en culture chaque année en Normandie mais une goutte d'eau dans laquelle Jean-Pascal Deschamps, président de Natup, veut voir « le début d'une histoire ».

« Comme un pays émergent »

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