Claude Alphandéry : "Emparons-nous de l'esprit de la Résistance"

Claude Alphandéry

Le monde d'après. Il y a quatre-vingt ans, il menait ses premières actions de résistance avant de rejoindre le maquis, en 1943, à la demande de Jean Moulin. Le souffle, la détermination, la foi qui animaient alors le brillant étudiant en droit n'ont pas fané, et lui confèrent de "lire" l'événement pandémique de manière "extra"-"ordinaire" : Claude Alphandéry convoque "l'esprit de la Résistance", ressuscité par les personnels soignants, afin d'initialiser une société autre, de dessiner et de bâtir une civilisation renouvelée. Une civilisation débarrassée des oripeaux du néolibéralisme, guérie des poisons spéculatifs, productivistes, consuméristes, égoïstes, lavée des attributs prédateurs de la mondialisation, tournée vers la réconciliation de l'Homme avec la nature, avec ce "vivant" qu'à force de torturer il transforme en péril pour lui-même - le coronavirus en est une illustration supplémentaire. "Le moment d'une opportunité sans préc

Publié le 19-05-2020 par Denis Lafay

La Tribune : Ce moment si particulier de début de confinement, comment l'éprouvez-vous intimement, comment l'interprétez-vous intellectuellement ?

Claude Alphandéry : A titre personnel je n'ai guère de raisons de me plaindre. Mon appartement est agréable, je ne suis ni ne me sens seul, je me promène une heure quotidiennement, j'échange par téléphone ou via les applications dédiées avec mes proches, je poursuis mon travail militant. En revanche, chaque nouveau jour passé me fait prendre un peu plus conscience que nous traversons quelque chose d'inédit et de redoutable, et que nous sommes au début d'un long et périlleux tunnel dont nous ignorons encore tout des désastres. Mon ami Edgar Morin l'a fort bien expliqué : depuis plusieurs années les crises de tous ordres s'accumulent - démontrant la grande fragilité du système qui nous gouverne -, mais jamais quiconque n'aurait pu imaginer l'irruption d'une pandémie aux répercussions à la fois si immédiates, si planétaires, si colossales. Avec à la clé une équation, fondamentale, que personne ne peut résoudre : comment sortir de cette crise en maitrisant le mieux possible les conséquences (chômage, précarisation, appauvrissement) tout en bâtissant un modèle nouveau, débarrassé des poisons d'un système qui a fait la preuve de son épuisement ?

Plongeons-nous d'abord dans une mise en perspective de cet "événement" avec celui de la Seconde Guerre mondiale, à laquelle vous avez participé comme partisan dès 1941 ; vous êtes alors âgé de 19

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