Ce que cache la faillite des élites

Abdelmalek Alaoui

Dépolitisées, désengagées, stigmatisées après avoir été rendues tour à tour responsables de la crise financière de 2007, de la montée des extrêmes ainsi que du sentiment de déclassement, les élites rasent les murs depuis près d’une décennie. Pourtant, jamais le monde n’a eu autant besoin d’elles pour faire ce qu’elles savent faire de mieux : du corporatisme.

Publié le 09-04-2019 par Abdelmalek Alaoui

Les élites ont mauvaise presse, et cela ne date pas d'aujourd'hui. Il y a moins d'un an, l'essayiste Coraline Delaume leur assénait le coup de grâce à travers une tribune très étayée sur le site du Figaro, dans laquelle elle affirmait que « Ces derniers ne parlent plus qu'à leurs pareils, c'est-à-dire non seulement à ceux qui bénéficient d'un même niveau de richesses, mais également à ceux qui partagent le même niveau d'instruction ». Delaume poursuivait son plaidoyer anti-élites en pointant du doigt leur responsabilité supposée dans la fracture éducative, le délitement de l'Europe, le contrôle des déficits à 3%, les privatisations, ou encore leur transformation en « oligarchie » n'ayant pas le sens de la responsabilité collective à l'instar des « élites aristocratiques traditionnelles ».

Cette charge intervient dans un contexte où cristallisent et convergent depuis près de trois décennies des travaux montrant une hyper concentration des richesses et du capital au sein d'une frange de plus en plus réduite de la population, accompagnée d'une augmentation des disparités. L'ambassadeur le plus emblématique de ces recherches est sans contexte l'économiste Thomas Piketty et son World Inequality Lab , qui dissèque les écarts de revenus dans le monde depuis 1980. Ne manquait plus que la pourtant très consensuelle directrice générale du FMI, Christine Lagarde, pour tomber à son tour à bras raccourci sur les élites  pour assoir complètement la scène. En bref, le terrain était préparé

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