Bompard dévoile son plan pour Carrefour

Bompard dévoile son plan pour Carrefour

Alexandre Bompard a dévoilé ses ambitions et son plan stratégique pour Carrefour. Il implique un renforcement de la transformation digitale du groupe, une évolution de modèle et une réorganisation de l'entreprise. Ainsi, 2 400 postes seront supprimés et 273 magasins cédés.

Publié le 23-01-2018 par Aglaë Derouen

Un plan ambitieux et douloureux

 

Il était attendu. Il était redouté par les salariés. Il était espéré par les analystes et les milieux financiers. Il est tombé ce matin. Dans une conférence de presse, Alexandre Bompard, le nouveau patron du géant français de la grande distribution, a dévoilé son nouveau plan stratégique « Carrefour 2022 », un plan qui porte, indéniablement, « une nouvelle ambition pour le groupe ».

Ce plan se définit d'après une expression qui figurera sans doute bientôt dans les éléments de langage des entreprises du secteur de la distribution, voire de l'agroalimentaire : celle de « transition alimentaire », comme on parle de « transition énergétique ».

Alexandre Bompard a en effet résumé ainsi son objectif et son ambition pour Carrefour : « J'ai une grande ambition pour Carrefour : devenir le leader mondial de la transition alimentaire en offrant à nos clients, tous les jours et partout, une alimentation de qualité, fiable, et à un prix raisonnable ». Cette « transition alimentaire », c'est ainsi le nouveau moyen de dire que le modèle traditionnel de Carrefour, celui d'une distribution reposant essentiellement sur les hypermarchés, est révolu. Place à autre chose, et notamment à un modèle de distribution qui repose sur ce que M. Bompard considère comme les atouts du groupe : une distribution « multi-pays, multi-formats et multi-canal », qui considère également les partenariats comme des « leviers de croissance et d'innovation ».


Réorganiser et rationaliser

 

Le plan d'Alexandre Bompard repose donc sur quatre piliers : en premier lieu, « déployer une organisation simplifiée et ouverte », puis « gagner en productivité et en compétitivité », ensuite, « créer un univers omnicanal de référence », et enfin « refondre l'offre au service de la qualité alimentaire ».

Simplifier et ouvrir l'organisation va impliquer tout d'abord de créer des partenariats, avec Tencent en Chine et avec Fnac-Darty et Showroomprivé en Europe. Cela impliquera aussi de rationaliser l'organisation des sièges du groupe en Île-de-France, et donc la fermeture du siège social de Boulogne, ainsi que l'abandon du projet d'un nouveau siège dans l'Essonne. Mais cela signifie également la suppression de 2 400 postes sur les 10 500 que compte le siège français du groupe. Ce que craignaient les syndicats arrive donc, sous la forme d'un plan de départs volontaires, mais touchera le siège et non les magasins.

Sauf ceux de la chaîne de supermarchés discount Dia. En effet, pour « gagner en productivité et en compétitivité », le second levier du plan, 273 magasins Dia vont être fermés, car ils sont inadaptés à leurs zones de chalandise, pour la plupart. Carrefour va également réduire ses coûts et investir 2 milliards d'euros par an, notamment « dans la compétitivité commerciale et le développement de la marque propre ». Ceci impliquera un recentrage sur Carrefour, mais aussi une ouverture à des partenariats pour rationaliser les achats et en diminuer les coûts.


Digitaliser et développer le bio

 

Les deux derniers piliers sont, sans aucun doute, plus valorisants. En effet, pour « créer un univers omnicanal de référence », le groupe Carrefour va investir 2,8 milliards d'euros dans le digital sur les quatre prochaines années, ouvrir 2 000 magasins de proximité en 5 ans, et développer le Cash & Carry, notamment en Amérique latine et en France avec Promocash. L'e-commerce doit être aussi un des moteurs principaux de cette stratégie et générer en 2022 environ 5 milliards d'euros de revenus. Le « Drive » et le «Click & Collect » serviront également à ce développement.

Le dernier pilier est le plus vertueux et le plus en accord avec les nouveaux comportements des consommateurs et les évolutions du marché, puisqu'il s'agit de « refondre l'offre au service de la qualité alimentaire ».

Après avoir été l'inventeur en France du commerce de masse, Carrefour doit donc devenir, grâce à Alexandre Bompard, l'inventeur de la « transition alimentaire ». Il s'agira par conséquent de progresser en qualité, de se développer intensément sur les produits frais, et de proposer de plus en plus de produits bio et locaux. Pour cela, Carrefour va repartir de ses filières d'approvisionnement, les fameuses « Filières Qualité Carrefour », et les repenser autour du développement de l'agriculture biologique, en finançant des projets dans ce domaine et en privilégiant les approvisionnements locaux. Son ambition, finalement, est, comme le dit le communiqué de presse, de devenir le « leader de la démocratisation du bio et [de] passer d'un chiffre d'affaires de 1,3 MdEUR à 5 MdEUR d'ici 2022 ».

Ambitions nobles et plan utile, compte tenu des difficultés actuelles du groupe. Mais qui vont laisser 2 400 salariés sur le carreau, sans compter ceux qui seront touchés par la fermeture des magasins Dia et ne bénéficieront pas d'une offre de reclassement.

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