Bolloré éconduit au Bénin

Bolloré éconduit au Bénin

Éconduit du projet de ligne de chemin de fer reliant Niamey à Cotonou, le groupe Bolloré s'est déclaré « déçu » et demande des indemnités pour les investissements qu'il a déjà réalisés.

Publié le 28-03-2018 par Bertrand Dampierre

La déception de Bolloré

 

Après avoir appris, dans la journée d'hier, que le Bénin n'avait retenu ni la société béninoise Petrolin, ni le groupe Bolloré et sa filiale Benirail pour réaliser le projet de liaison ferroviaire entre Niamey (Niger) et Cotonou (Bénin), le groupe Bolloré s'est déclaré « déçu », et même quelque peu rejeté : « Il semble aujourd'hui que la présence même du groupe dans le projet en gêne la réalisation », a ainsi déclaré Philippe Labonne, directeur général de Bolloré Transport & Logistics, à nos confrères de l'agence France-Presse en marge de l'Africa CEO-forum, qui se tient depuis lundi à Abidjan (Côte d'Ivoire).

Le président béninois, Patrice Talon, a en effet jugé le projet de Bolloré « bas de gamme » et lui a préféré la Chine, arguant que, selon lui, « un investisseur privé ne peut pas financer seul le chemin de fer que nous voulons ». A contrario, selon le président béninois, «la Chine dispose des moyens financiers nécessaires » et elle a également « démontré son savoir-faire technique » dans le domaine des infrastructures ferroviaires.


La question de l'indemnisation

 

Toutefois, le groupe Bolloré se réjouit de la reprise de ce projet et en espère la réalisation, qui « sera aussi une bonne nouvelle pour la région », a indiqué Philippe Labonne. Mais il ne s'en réjouira vraiment que « dans la mesure où il aura été indemnisé des investissements qu'il a déjà réalisés, notamment la construction de 140 kilomètres de ligne ».

Mais rien n'est moins sûr que cette éventuelle indemnisation, surtout si l'on prend en compte l'historique et la genèse de ce projet visant à relier deux capitales par une ligne de chemin de fer de 740 kilomètres de long. En effet, ce projet décisif pour le développement de l'Afrique occidentale en général avait initialement été confié à une société locale, Petrolin, avant d'être confié à Bolloré et à Benirail en 2013, grâce à l'activisme et au puissant lobbying de son patron, l'industriel finistérien Vincent Bolloré.

La justice du Benin a finalement donné raison à Petrolin, aux dépens de Bolloré, dans une décision prise en octobre 2017. Par conséquent, les 140 kilomètres de ligne déjà construits par Bolloré ne semblent pas lui donner un quelconque droit.

Il se pourrait toutefois que l'imbroglio juridique n'en soit pas arrivé à sà résolution, dans la mesure où Patrice Talon n'a pas choisi, finalement, de confier le chantier à celui que la justice avait conforté dans ses droits, Petrolin, mais préféré les investissements chinois.

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