Une bonne affaire, sur le papier

En décembre 2014, Saint-Gobain avait réussi le tour de force de prendre le contrôle de son concurrent suisse Sika, en rachetant les parts de la famille fondatrice, les Buckard, qui détenait 16% du capital mais 52% des droits de vote via la Holding Schenkler Winkler. Cette opération était tout à fait conforme au droit suisse, qui ne contraint pas l'acheteur, dans le cadre d'une OPA, à acquérir le reste du capital.

Cette acquisition avait déclenché immédiatement la colère des dirigeants du groupe. Elle a aussi soulevé une tempête parmi les actionnaires, mécontents de se voir réduits à l'impuissance par le géant français des matériaux de construction.

La fronde de Bill Gates

Au premier rang de ces derniers se trouve Bill Gates, le fondateur de Microsoft, actionnaire de Sika par le biais de son fonds d'investissement Cascade Investments LLC et de la Fondation Bill & Melinda Gates. Le milliardaire a choisi d'utiliser lui aussi les subtilités du droit suisse pour rendre la tâche de Saint-Gobain difficile au quotidien, et a réuni autour de sa démarche d'autres actionnaires, les fonds Fidelity et Threadneedle. A eux tous, ils détiennent 8,61% du capital de Sika.

A l'occasion de la prochaine assemblée générale, ils demanderont l'approbation par les actionnaires d'une procédure spéciale d'enquête, visant à s'assurer que les intérêts de Sika ont bien été protégés, et le sont encore. Il s'agira notamment de vérifier si la famille fondatrice n'a pas communiqué à Saint-Gobain des informations confidentielles durant les deux années qui ont précédé la vente.