Bernard Stiegler, penseur du numérique

Bernard Stiegler, loumics, 2014

HOMO NUMERICUS. Les philosophes du numérique sont peu nombreux. Lorsque l'un d'entre eux disparaît, il faut leur rendre hommage. Véritable « décloisonneur » des savoirs, Bernard Stiegler savait mettre en perspective la révolution technologique qui nous entoure. Par Philippe Boyer, directeur relations institutionnelles et innovation à Covivio.

Publié le 09-09-2020 par Philippe Boyer

Difficile d'échapper à l'actualité numérique de cette période estivale qui s'achève : lubie d'Elon Musk, fantasque fondateur de Tesla et de SpaceX, de relier le cerveau des humains à des ordinateurs, bataille entre les États-Unis et la Chine autour de l'application Tik Tok et ses 625 millions d'utilisateurs actifs mensuels dans le monde, bannissement de la technologie 5G Huawei par Londres au motif que ses réseaux constitueraient un « danger pour la sécurité nationale », lutte contre la cyber-haine qui se propage sur les réseaux sociaux, colmatage dans la précipitation d'une faille de sécurité de l'assistant vocal « Alexa » d'Amazon (200 millions d'appareils dans le monde)... S'il était encore besoin d'en faire la preuve, le rêve triomphant et annonciateur d'un monde meilleur obtenu grâce aux seules nouvelles technologies n'est pas encore pour tout de suite.

Comme en écho à cette nécessité de prendre ses distances avec ce « tout technologisme » béat, il y eut également, au début du mois d'août, l'annonce de la disparition d'un philosophe iconoclaste et imaginatif ayant consacré l'intégralité de son oeuvre à une analyse critique du numérique et de la technique : Bernard Stiegler.

Case prison

Platon avait fait de sa caverne une allégorie pour signifier que les Hommes sont naturellement épris de connaissances dès lors qu'on leur éclaire le chemin de la vérité. Dire que la prison eut ce même effet sur Bernard Stiegler, il n'y a qu'un pas.

Celui qui n'avait jamais goûté à la philos

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