Ascoval : chronique d'une mort annoncée

Ascoval : chronique d'une mort annoncée

Persuadés que l'État et Vallourec se moquent de leur sort et bloquent l'offre de reprise de leur usine, les salariés d'Ascoval à Saint-Saulve bloquent depuis hier l'aciérie.

Publié le 24-10-2018 par Bertrand Dampierre

Bloquer l'usine

 

Hier, les 281 salariés de l'usine Ascoval de Saint-Saulve, près de Valenciennes, ont cessé le travail et se sont relayés pour bloquer les accès à l'usine. En tout, une cinquantaine de salariés bloquaient ainsi le rond-point d'accès et y faisaient brûler des pneus, pour interdire que les produits qu'ils ont fabriqués ne puissent sortir de l'usine.

Ils sont résignés, certes, car plusieurs d'entre eux pensent que « la messe est dite ». Mais ils sont aussi déterminés à se faire enfin entendre, et à se battre jusqu'au bout, comme en attestait une banderole sur laquelle on pouvait lire ce slogan, entre cri du coeur et page d'histoire, qui montre bien qu'une identité collective bâtie autour de l'industrie existe encore sur le sol chti : « Pour que l'acier coule dans nos coeurs comme le charbon coulait dans nos veines, Ascoval ne fermera pas sans combat ».

Ce combat, ils ont décidé de le mener à la fois contre l'État, par lequel ils se disent « écoeurés », et contre Vallourec, qui refuse d'apporter un soutien au repreneur potentiel, le groupe franco-belge Altifort, et selon eux « reste sur sa position de croquemort ».

 

 

Se battre jusqu'au bout

 

Se battre, cela veut donc dire maintenant s'en prendre à Vallourec avec les moyens dont ils disposent, et en finir avec leur attitude de salariés gentils et consciencieux, qui pouvaient d'autant moins imaginer qu'on les abandonnerait qu'ils avaient toujours fait preuve de conscience professionnelle et d'abnégation.

Bruno Kopczynski, porte-parole de la coordination des salariés et élu CFDT au comité d'entreprise, a bien résumé la nouvelle stratégie des salariés d'Ascoval au micro de nos confrères de l'Agence France Presse : « On a été professionnels, dignes. Dorénavant, Vallourec ne pourra plus expédier aucun produit vers ses clients [...] Vallourec, on va l'étouffer. »

Pour l'instant, c'est Vallourec qui les étouffe. En effet, le groupe français spécialisé dans les pièces métalliques et les aciers spéciaux refuse d'apporter à Altifort les 51 millions d'euros que celui-ci réclame pour reprendre l'usine et maintenir les 281 emplois. Sans cette aide, le tribunal ne va pas avoir d'autre solution que de placer l'usine en liquidation.

Du côté de Bercy, Bruno Le Maire et sa secrétaire d'État Agnès Pannier-Runacher assurent que tout n'est pas fini et que l'État s'engage à chercher d'autres partenaires pour le projet de reprise d'Altifort. Mais les salariés ne semblent plus y croire.

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