Hors la loi

Laurence Engel, la médiatrice du livre, a rendu à la ministre de la Culture et de la Communication Fleur Pellerin son rapport sur les offres d'abonnements illimités à des catalogues de livre, tels qu'en proposent Amazon ou la start-up française Youboox. Par conséquent, selon Mme Pellerin, « Amazon va devoir mettre son offre Kindle Unlimited en conformité avec la loi ».

Kindle Unlimited, l'offre du géant du web, offre d'accès illimité, pour un peu plus de 7 euros par mois, à un catalogue de 20 000 ouvrages. Or, selon le rapport rendu à la ministre, ce type de formule contrevient totalement à la législation qui encadre le livre et le secteur de l'édition française en général.

Ne pas changer une loi protectrice

En effet, la loi implique que c'est l'éditeur lui-même qui fixe le prix du livre. A partir du moment où plusieurs éditeurs sont concernés par un abonnement illimité dont Amazon, ou Youboox, ont fixé le prix, les éditeurs ne sont plus maîtres du prix des ouvrages sous leur format numérique, alors qu'ils le demeurent à la vente de e-books à l'unité.

Dans son avis, Laurence Engel n'envisage nullement de changer la loi pour l'adapter aux pratiques des acteurs du streaming littéraire, car elle protège le secteur de l'édition sans faire entrave aux nouvelles pratiques : « La loi actuelle n'empêche pas le développement du livre numérique. En revanche, elle garantit la viabilité de tout un secteur et la rémunération des auteurs. »

Trouver un terrain d'accord

Il s'agit donc bien plus de trouver un modus vivendi entre tous les acteurs, ce qui doit passer par une concertation. La fondatrice de Youboox, Hélène Mérillon, semble se réjouir de ce rapport car il clarifie la situation, et impose à tous de trouver une solution commune. Peut-être y voit-elle l'occasion de se débarrasser en France de la concurrence d'Amazon et d'apparaître comme le « gentil » du streaming, qui partage équitablement les revenus avec tous les acteurs de l'édition. Interrogée par l'Express, la patronne de Youboox a en effet déclaré : « Mais contrairement à d'autres acteurs, qui veulent absorber la chaîne du livre, la détruire, nous nous sommes développés main dans la main avec l'écosystème du livre, depuis le début.»

En attendant, tous les acteurs du secteur ont donc trois mois pour revoir leur copie.